Le Dauphiné Libéré article de Flavien Osanna
La Ville de Gap a inauguré ce lundi le -carrefour des Justes parmi les Nations, un lieu en mémoire des Gapençais qui ont sauvé des juifs durant la Seconde Guerre mondiale Ce projet est l’initiative de professeures et d’élèves du lycée. Par un matin gris, Delphine Rolland et ses élèves du lycée des métiers Sévigné descendent la rue Jean-Macé pour se rendre à une inauguration. Direction le rond-point situé près du collège et lycée Saint-Joseph. C’est ici, entre les rues de Camargue et Charles-Aurouze, que la commune a choisi d’honorer ses Justes parmi les nations-. À ce jour, cinq Gapençais sont reconnus comme tels pour avoir sauvé au péril de leur vie des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Et d’autres demandes de reconnaissance sont en cours (lire par ailleurs).
Lundi 16 septembre, la plaque du désormais « carrefour des Justes parmi les Nations » est dévoilée en présence d’élus de porte-drapeaux, entre autres. Les discours se sont d’abord succédé. 80 ans après la Libération, après la renaissance de notre nation libre. il est de notre devoir d’entretenir le souvenir de l’engagement de toutes celles et tous ceux qui se sont levés pour résister ou simplement défendre une part d’humanité avec un incroyable courage. Ce rond-point honorera la mémoire de ces Gapençais qui. sans bruit, ont agi pour sauver des femmes, des hommes, des enfants, en risquant d’être arrêtés et déportés. Ces Justes ont agi en leur Âme et conscience met notamment en lumière le maire Roger Didier, dont la ville a rejoint les -Villes et villages des Justes de France-, un réseau animé par le Comité français pour Yad Vashem. Serge Cohen, en tant que délégué régional, est pré• sent. Il donne quelques repères : Dès 1963, le mémorial Yad Vashem, à Jérusalem, a commencé à décerner le titre de -Juste parmi les nations-,
la plus haute distinction civile de l’État d’Israël. À ce jour, Yad Vashem a reconnu plus de 28 000 -Justes parmi les Nations » dans le monde (soit 51 pays), issus de milieux essentiellement catholiques et protestants, Mais il y a aussi des musulmans et des agnostiques. En France, plus de 4150 Justes ont été reconnus. La plupart des sauveteurs sont des gens ordinaires..
Ce rond-point s’intègre dans les chemins mémoriels de la ville de Gap
La création de ce lieu de mémoire dans la ville préfecture haut-alpine est l’aboutissement du travail réalisé au fil des années par des lycéens de Sévigné, sous la houlette de Delphine Rolland, professeure de lettres-histoire, et de Céline Auphan, professeure d’arts appliqués. Ce rond-point s’intègre dans les chemins mémoriels de la ville de Gap qui sont le fruit du travail de deux promotions d’élèves de bac professionnel Agora Ibac pro gestion-administration. La somme des histoires individuelles permet de reconstituer la grande histoire, de la rendre vivante. Et de ne pas oublier. Il est temps de transmettre cette histoire afin que les jeunes Gapençais réalisent que la guerre a aussi laissé des traces dans leur ville expose le proviseur Hervé Bertocchi.
Un jeu ludo-éducatif pour ne pas oublier
Aujourd’hui, une nouvelle promotion au lycée Sévigné — 16 élèves de première qui suivent un bac professionnel Animation enfance et personnes âgées reprend le flambeau avec un nouveau projet : la création d’un jeu ludo-éducatif à destination des écoles primaires de Gap. De manière ludique, le but est d’apprendre à des élèves de CM2 quels sont les lieux chargés d’histoire de la commune, toujours en abordant la Seconde Guerre mondiale sous le prisme local. Les lycéens vont concevoir le jeu durant cette année scolaire, puis ils le présenteront dans les écoles l’année suivante. Cela permet à la fois d’aborder le volet historique et de transmettre des valeurs citoyennes, met en avant Delphine Rolland.
Zoom / Qui sont-ils ?
À Gap, cinq personnes sont à ce jour reconnues « Justes parmi les Nations ».
Le 22 avril 1974, le titre est décerné au père Joseph Richard, plus connu sous son nom de résistant Joseph Duchamblo-, lequel a caché Werner Epstein, un juif allemand. au petit séminaire Saint-Louis. Le 26 mars 2008. Rosa Gontard (sœur Valentine) et Roxane Durand, professeure de littérature, sont reconnues pour avoir caché Fenia Rabinovitch et sa mère Hinda au couvent Saint-Joseph. Le 5 décembre 2010. Auguste et Clély Brochier, qui ont caché dans leur ferme de Charance la petite Michèle Vorms, sont à leur tour reconnus.
Un dossier de reconnaissance de « Justes parmi les Nations » a été réalisé pour Henri et Marie Léauthier. C’est Jacques Revah, Agé de ans à l’époque. qui en est à I ’origine pour faire reconnaitre ses sauveurs. Enfin, les professeures du lycée Sévigné Delphine Rolland et Céline Auphan, avec leurs élèves, ont mené des recherches et transmis une demande de reconnaissance pour I ‘ancien pasteur de Gap Élie Morel et également pour la paroissienne Simone Millon.
La création de ce lieu de mémoire dans la ville préfecture haut-alpine est du travail réalisé au fil des années par des lycéens de Sévigné. Photo Le DL/Flavien Osanna
Lundi 16 septembre, des élèves du lycée Sévigné à Gap ont dévoilé la plaque rendant hommage aux « Justes parmi les Nations », sur le rond-point situé entre les rues de Camargue et Charles Aurouze. À quelques mètres, un panneau retraçant l’histoire des Justes gapençais a également été présenté. Photo Le DWFlavien Channa