Un nouveau Juste parmi les Nations : le pasteur Jean Saint-Martin

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Dossier n°

14117

Jean Saint-Martin étudiant en Théologie

Article d’Anthony Maurin « Objectif Gard »

Jean-Paul Fournier, Maire de Nîmes, en présence de Michael Iancu, délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem, a remis à titre posthume la Médaille des Justes parmi les Nations à Jean Saint-Martin pour avoir sauvé des juifs pendant la Shoah. Michaël Iancu est le délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem. « En France, il y a eu 76 000 juifs déportés et 2 500 revinrent mais les ¾ des juifs ont été sauvé de la mort par des hommes et des femmes d’honneur qui ont eu le courage d’agir. L’État d’Israël leur rend hommage en leur donnant la plus haute distinction civile possible. » Dans le monde on comptait, cet été, 28 217 Juste dont 4 206 en France et 50 dans le Gard. Une des filles, Magali, du Pasteur Jean Saint-Martin (décédé le 12 avril 2000) prend la parole pour expliquer la cérémonie du jour. De 1936 à 1943 Jean Saint-Martin fut pasteur dans les Cévennes. Le presbytère était à Lasalle et sa paroisse comprenait les villages de Colognac, Soudorgues et Sainte-Croix de Caderle. Et Magali d’expliquer l’histoire paternelle. « Il a participé activement à sauver des Juifs. Juste avant la rafle de Nîmes en août 1942, en contact étroit avec des pasteurs de Nîmes et avec la Cimade, il a caché de nombreux Juifs chez des paroissiens de Colognac et de Soudorgues, en plus de celui qui était caché chez nous, dans le grenier du presbytère. Mes sœurs aînées s’en souviennent. » Pourquoi cette démarche si tardive pour qu’on lui remette la médaille des Justes, à titre posthume, alors qu’un Juif caché par ses soins, Symcha Szafran, avait proposé son nom ? Parce qu’il n’avait fait, selon lui, que son devoir à savoir une mise en pratique normale de sa Foi. « Les risques qu’il avait pris et qu’il avait fait prendre à sa famille étaient les risques même de l’obéissance à Dieu. Il était un homme humble et courageux, soutenu par notre mère en toutes circonstances. Il a été le premier pasteur en Cévennes à dénoncer en chaire le scandale des lois anti-juives. » Pourquoi donc cette démarche ? Parce que ce grand monsieur a eu 7 enfants, 20 petits-enfants, plus de 40 arrière-petits-enfants. Il fallait transmettre cette histoire, la valider aux yeux de tous. »En 1995 quand ses paroissiens Puech et Guiraud ont reçu leur médaille des Justes, ainsi que les Boissier de Caveirac, il était vieux et usé par son ministère ; il s’était retiré et voyait très peu de monde. C’est à ce moment-là qu’il nous a redit qu’il n’avait fait que son devoir. »
Une deuxième raison a décidé sa fille pour faire cette démarche. Il faut dire que les petits-enfants sont nombreux et étaient quasi tous là en Mairie. Sophie, Carine, Marina, Anne, Muriel, Mathieu, Samuel, Mariane, Nicolas, Véronique, Jean-Michel, Philippe, Olivier, Jérôme, Olivier, Sondja et Marine. « En 1943 mon père a été nommé dans le Lot et Garonne, à Tonneins. Et là aussi, avec l’aide de pasteurs de Montpellier qu’il connaissait bien, il a sauvé des rafles une jeune femme juive, Colette Meyer, son mari bon pour le STO et leur fillette de 18 mois. Cette enfant qui a aujourd’hui 75 ans et qui est très attachée à son ascendance juive, nous avait relancés plusieurs fois pour que nous fassions cette demande. J’ai donc recueilli son témoignage. »
Vient le tour de l’immense Patrick Cabanel, historien des Cévennes et du protestantisme. « Sur les plus de 4 000 Justes de France, il y a environ 10 % de protestants alors qu’ils ne représentaient que moins de 2% de la population française. Il en va de même pour les Dreyfusards ! Le Gard est à part, et encore, pas tout le Gard. Les Justes ne sont pas des héros mais en terre de refuge on parle de banalité du bien avec quelques leaders. Les huguenots français ont vécu pendant des siècles cette situation de persécution, ils savaient déjà… »
Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, est heureux d’accueillir dans la maison du peuple une telle cérémonie et conclut la matinée. « Le devoir de mémoire est important dans ma vie et pour le territoire dont je suis le garant depuis plus de 20 ans. L’histoire de Nîmes est liée à celle des Cévennes, commémorer est un devoir pour honorer les morts et leurs descendants en transmettant ces histoires.«