VILLES•SUR•AUZON – Andrea et René Bézer reconnus « Justes parmi les Nations »

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Dossier n°

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VILLES•SUR•AUZON – Andrea et René Bézer reconnus « Justes parmi les Nations »

Du 06/11/2015

 

 

 

 

Hier à Villes sur Auzon, le Consul Général d'Israël, Anita Mazor et Serge Coen du Comité Yad Vashem ont remis à Renée Rivière, petite-nièce d'Andréa et René Bézer, le diplôme d'honneur et la médaille de "Juste parmi les Nations". !PHOTO v.w.
Ce couple de Vauclusiens a été honoré, hier à titre posthume, par l’Etat d’Israël, pour avoir protégé une famille juive pendant la Seconde guerre mondiale

Mercredi, les Villois René et Andréa Bézer, aujourd’hui disparus, ont été reconnus, « Juste parmi les nations », la plus haute distinction honorifique délivrée à des civils par l’État d’Israël, pour avoir aidé une famille juive durant la Seconde  guerre mondiale.

Étaient notamment présents à cette cérémonie le Consul général d’Israël à Marseille, Anita Mazor, le sous-préfet de Carpentras, Jean-François Moniotte, les élus locaux, Serge Coen, délégué du Comité Yad Vashem mais aussi le curé de Mazan, le Lieutenant- colonel de Sercey, chef de corps du 2′ Régiment de la Légion Etrangère de Saint-Christol et le major Arcamone de la brigade de Gendarmerie de Mormoiron.

Le fils de la famille marseillaise recueilli par le couple Bézef, Armand Seunaneche qui avait 13 ans à l’époque, avait fait le déplacement pour être aux côtés de Renée, l’arrière-petite nièce de René et Andrea Bézer, venue les représenter, entourée de son fils et de sa petite-fille.

Pour que chacun prenne conscience de l’importance de cette journée, le maire du village, Frédéric Rouet, a rappelé les événements qui débutent à Villes-sur-Auzon, en février 1943.

« Nous vivions sous la terreur nazie depuis l’occupation totale du territoire français en novembre 1942. Une famille venant de Marseille s’installe au village. Il y a Armand, petit garçon de 13 ans accompagné de sa sœur et de ses parents.

Pour tous les villageois la famille d’Armand fuit la cité phocéenne bombardée et vient se réfugier auprès d’amis à Villes-sur-Auzon. La réalité est cependant bien différente: la famille d’Armand, d’origine juive, fuit la traque nazie car depuis le mois de février 1943, les arrestations à Marseille se font de plus en plus nombreuses. L’oncle

d’Armand vient d’être arrêté et déporté ; il faut donc à tout prixfuir et se cacher » relate Frédéric Rouet. « Une connaissance marseillaise avait indiqué au père d’Armand comme endroit plus sûr les villages vauclusiens de

Flassan et Villes-sur-Auzon. Et c’est là que la route du père d’Armand, cherchant un abri pour sa famille, croise celle de personnes dévouées, généreuses et d’une grande humanité: René Bézer, boulanger à Flassan et son épouse Andréa Bézer née Brante qui habitent Villes-sur-Auzon. Attendri par le récit du père d’Armand, le couple accepte de les héberger quelques jours, le temps de trouver un logement.

Entre février 1943 et août 1944 la famille d’Armand est protégée et soutenue par René et Andréa Bézer au péril de leur vie car ils savent ce qu’ils encourent s’ils sont découverts ou dénoncés. Aussi il ne faut ni dévoiler leur présence, ni leur origine à quiconque car grand est le risque pour ceux qui accueillent ou hébergent des réfugiés

traqués par la Gestapo. Seuls les proches d’Andréa et de René savent qui est cette famille et tous se taisent. Une partie de la population villoise sait que des juifs sont cachés dans le village ou dans des fermes environnantes. Jamais rien ne filtrera, même lors d’extrêmes atrocités. /1 

Honorer ses « sauveurs »

Par ce récit émouvant, le maire a tenu à rendre hommage à tous les résistants de Villes- sur-Auzon et des alentours, tout comme Armand Seunaneche qui souhaitait que ses « sauveurs » soient reconnus et honorés. Pour ce faire, il explique à

l’assistance comme il a constitué et présenté un dossier d’identification de Justes auprès des autorités de l’État d’Israël et

du Comité Yad Vashem. En qualité de représentant de l’ensemble des Villois, le maire s’est dit touché et très fier de l’honneur fait à Andréa et René.

« Ces personnes courageuses et exemplaires qui ont lutté contre l’antisémitisme mais aussi contre l’intolérance et

la cruauté doivent rester à jamais dans nos mémoires comme un modèle pour nous et pour les générations futures ».

Anita Mazor a également pris la parole pour rendre hommage à « toutes ces personnes qui au péril de leur vie ont osé cacher des familles juives, au plus fort des persécutions antisémites, faisant fait preuve d’un héroïsme extraordinaire. Si les trois quarts de la population juive ont survécu c’est bien sûr grâce à ces personnes courageuses ainsi qu’à la Résistance. »

 

D’anciens Villois, camarades de classe d’Armand Seunaneche et de sa soeur avec qui ils avaient tissé des liens d’amitié, tout au long de ces 18 mois passés au village, étaient à ses côtés mercredi, manifestement très émus de revoir Armand. après plus de 60 ans comme Juliette Jamaïque âgée aujourd’hui de plus de 90 ans.

Renée Rivière a ainsi reçu le diplôme d’honneur et la médaille de « Juste parmi les Nations » que l’Institut Yad Vashem de Jérusalem avait décerné, le 16 octobre 2013, à René et Andréa Bézer et dont les noms sont également gravés sur le mur d’honneur du Mont du Souvenir à Jérusalem et dans l’allée des Justes près du Mémorial de la Shoah à Paris.

v.w.