Henriette Beaudiot, Juste parmi les Nations
Le 27 juin 2010, la Médaille et le Diplôme de Juste parmi les Nations ont été remis à titre posthume à Henriette Beaudiot. Fille de la défunte, Lucette Joseph les a reçus lors d’une cérémonie organisée par Didier Cerf, délégué du Comité Français pour Yad vashem.
Synthèse du dossier Yad Vashem :
– « Originaire de Lorraine, Henriette Beaudiot habitait avec sa fille, Lucie, à Monts, plus précisément au lieu dit Chauveau. La mère avait alors 46 ans et Lucie 18 ans.
Toutes deux font la connaissance des époux Gerofi, des réfugiés autrichiens, lesquels évoquent le sort de Patrick et de Sonia Danemans ainsi que de leur fils Sacha (dit Alexandre). Ces derniers sont des juifs de Lettonie. Arrêtés à Bordeaux, ils avaient été envoyés au camp de La Lande, près de Monts.
Patrick Danemans y était resté interné tandis que sa femme Sonia et leur fils Sacha pouvaient résider à Tours.
De fil en aiguille, Sonia vint se reposer chez Henriette Beaudiot à qui la mère rongée d’angoisses répétait constamment :
« Si, un jour, il m’arrivait quelque chose, promettez-moi de garder mon petit « .
En conséquence d’une opération aux oreilles, Patrick Danemans fut libéré du camp pour être assigné avec sa famille rue Origet à Tours. Les Danemans y invitaient régulièrement Henriette Beaudiot et Lucie.
Survient la rafle du 16 juillet 1942.
Patrick et Sonia Danemans sont arrêtés rue Origet à Tours. Emmenés d’abord à l’École Normale de Saint-Symphorien (Tours), ils sont ensuite internés à Angers puis déportés sans retour vers Auschwitz.
Et Sacha ?
Lors de la rafle, le propriétaire de l’appartement de la rue Origet cache le garçon toute la nuit, puis le met dans le train pour Monts où Sacha rejoint Henriette Beaudiot.
Celle-ci va faire passer Sacha pour un neveu.
Le Docteur Mercier, maire de Monts, remet un certificat de dispense scolaire au garçon afin qu’il ne soit pas obligé de fréquenter l’école communale. Une dame viendra lui donner des cours à domicile deux à trois fois par semaine.
Sacha va échapper à la Shoah. Ce ne sera hélas pas le sort des Gerofi. Logés eux aussi chez Henriette Beaudiot, ils sont arrêtés à leur tour. Et déportés sans retour vers Auschwitz en octobre 1942.
A la Libération, l’orphelin Alexandre (Sacha) Dannemans va rester chez Henriette Beaudiot et reprendra ses études. »
Henriette Beaudiot (Arch. fam. / BCFYV / DR).
Témoignage au Collège de Monts :
– « Mon arrière grand-mère était Mme Beaudiot Henriette, âgée de 46 ans au moment de cette histoire et ma grand-mère, Mme Joseph Lucie, alors âgée de 18 ans.
(…) Sacha arriva chez mes grands-mères qui habitaient juste à côté de la gare avec sa valise, pensant que ses parents étaient au coin de la lande.
Hélas!…
Mon arrière grand-mère le garda chez elle en le faisant passer pour un neveu de l’est, elle-même étant originaire de la Lorraine. Un certificat du Docteur Mercier, maire de Monts, permit à Alexandre de ne pas fréquenter l’école communale (peur de l’accent ?).
Quant à ses parents, arrêtés à Tours, rue Origet, ils furent emmenés à l’école normale de Saint Symphorien (Tours), déportés à Angers, puis à Auschwitz. Patrick fut tué à la sortie du camp parce qu’il ne marchait pas assez vite et Sonia est morte dans la chambre à gaz.
Monsieur et Madame Gerofi, alors qu’ils logeaient chez mes grands-mères depuis trois mois, ont été arrêtés, puis déportés au mois d’octobre 1942, également à Auschwitz. Des scellés avaient été posés sur la chambre qu’ils occupaient. »
Article lié au Dossier 11262