Jules-Henri Proquitte, Juste parmi les Nations
(Invitation de la Mairie de Paris et du Comité Français pour Yad Vashem à la cérémonie du 12 novembre 2008)
Comment Maurice Mann fut arraché à la Shoah.
10 Justes ont leurs noms attachés à la cérémonie de remises de diplômes et de médailles de Justes parmi les Nations, le 12 novembre à la Mairie de Paris.
Voici la synthèse de l’hommage rendu à Jules-Henri Proquitte.
– « La famille Mann habitait 27, rue du Château d’eau, dans le 10e. Sous le même toit vivaient la grand-mère, le père et la mère, leur fille Anne, âgée de 23 ans, et son jeune époux Etienne Rosenfeld, ainsi que Salomon 16 ans, Maurice 14 ans, et leur cousine Suzanne 13 ans, recueillie lorsque ses parents furent arrêtés en 1942.
Maurice Mann raconte la sombre période où, à 12 ans, il dût porter l’étoile jaune se faisant traiter de « sale juif », et aussi où une bibliothécaire compatissante dut refuser, les larmes aux yeux, de lui prêter un livre.
Les parents étaient forains, mais bientôt il leur fut interdit d’exercer. La famille dut vivre du troc de tickets d’alimentation et de la maigre paie de ses enfants.
Le 23 mars 1944, Il est 8 heures du matin. Deux policiers en civil se présentent pour arrêter la famille. Mais la grand-mère est impotente, et les parents protestent vivement. Si bien que les policiers la laissent. Elle reste seule.
Pendant cette altercation, Salomon, Maurice, et leur cousine Suzanne, s’échappent par la fenêtre. Ils sont au premier, juste au-dessus de la verrière d’une usine, dont les employés se précipitent pour les aider, en ouvrant le passage qui débouche sur la rue de Bondy.
Malheureusement, Madame Mann rappelle son fils qui disposait d’un laissez-passer pour se rendre à son travail, croyant que ce document pourrait les sauver tous. Ce fut peine perdue, et Salomon fut également arrêté.
Maurice et sa cousine rejoignent la grande sœur qui travaille à Clamart. Celle-ci prend courageusement la situation en main. Risquant sa vie, elle retourne chercher sa grand-mère et parvient à la placer dans une maison de retraite de l’hôpital Rothschild. Lui cachant le triste sort de la famille, elle lui fera croire au retour de ses enfants jusqu’à son décès en mars 1945.
Par ailleurs, le jour même de l’arrestation de sa famille, elle avait pris contact avec une personne liée à la Résistance. Celle-ci lui donna l’adresse d’une concierge qui les hébergera pour la nuit, accepta de recueillir Suzanne, et leur indiqua l’adresse de Monsieur Proquitte.
Sans hésiter, et au mépris du danger pour lui-même, son épouse et son fils, Jules-Henri Proquitte accepta généreusement d’accueillir Maurice Mann, le traitant comme un membre de la famille, en attendant de le faire passer en zone libre. Ce qui se produisit en mars, où Maurice fut envoyé dans un château de la Croix-Rouge en Haute-Savoie, le château des Avesnières où il resta sans problème sous un faux-nom jusqu’à la Libération, en mai 1945.
A son retour à Paris, Maurice n’a pas manqué de témoigner sa reconnaissance à son bienfaiteur, Jules-Henri Proquitte, à qui il doit la vie.
Devenu orphelin, il a vécu chez sa sœur et son beau-frère, a travaillé d’arrache-pied, puis il a fondé une famille. »
Article lié au Dossier 10992