Mère Ardoin, Juste parmi les Nations

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Dossier n°

Mère Ardoin, Juste parmi les Nations

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Paris, 140 avenue du Bac, la Maison-mère des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul (BCFYV/DR).

Madeleine Kahn-Woloch
une petite Française rattrapée par la Shoah
en Roumanie…

En présence de M. Grobart, Vice-Président du Comité Français pour Yad Vashem, une cérémonie de reconnaissance de Juste s’est tenue ce 11 mai à la Maison-mère parisienne des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul. Le Diplôme et la Médaille de Soeur Ardoin y furent déposés en sa mémoire et pour marquer la part essentielle qu’elle assuma dans le sauvetage d’une petite juive persécutée : Madeleine Woloch.

Synthèse du dossier Yad Vashem :

– « Abraham Joseph Woloch, d’origine polonaise, et Rosa Sontag, née en Roumanie, habitaient rue Caffarelli dans le 3e arrondissement. Ils étaient commerçants.
Leur fille Madeleine naît en 1933.
En juin 1939, Madeleine part chez sa grand-mère à Stanesti-de-Jos en Bucovine, une province roumaine. Mais conséquence du Pacte Germano-Soviétique, les frontières roumaines sont alors fermées et Madeleine ne peut revenir en France.

Dès l’entrée des troupes allemandes en Roumanie, des massacres de masse visent les juifs et son oncle, présent à Stanesti, est assassiné.
Survivent Madeleine, sa grand-mère, et sa tante avec son enfant âgé d’un an.
Après un passage par Czenovitz, capitale de la Bucovine, tous sont déportés en Transnistrie, à l’est du Dniepr. Ils sont pourchassés de camps en camps, dans ce que les autorités roumaines ont appelé des « migrations forcées » : sans manger, sans boire, sans savoir où ils seront quelques heures plus tard.
Après des jours de marche, ils seront affectés au camp de Cernivitsi. La grand-mère décède de tuberculose et de chagrin, l’assassinat de son gendre l’a minée.

Mais Madeleine, née à Paris est Française; elle a un passeport français.
En 1942, avec l’aide du Consul de France à Galatz, Monsieur Gabriel Richard, Madeleine est retirée du camp et rapatriée à la Légation française à Galatz.
Son état de santé est précaire et le typhus se déclare.
Elle est hospitalisée à l’hôpital tenu par les Sœurs de Saint Vincent de Paul. Mère Ardoin, Sœur supérieure de la Communauté, la soigne, la choie, lui donne mille preuves d’affection et tente de lui faire oublier le cauchemar vécu. »

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Soeur Ardoin (Mont. JEA / Doc. BCFYV / Droits réservés).

Synthèse du dossier Yad Vashem (suite) :

– « Le départ de Mère Ardoin, rappelée en France, sera ressenti par Madeleine comme une trahison, un abandon qu’elle n’était pas prête de lui pardonner.
Madeleine rejoint, avec le reste de la communauté, Bucarest et se retrouve chez les Sœurs de Notre Dame de Sion sous un parfait anonymat, mais la peur d’être dénoncée est quotidienne.
Elle ne rejoindra ses parents en France, qu’en 1946.

Les retrouvailles sont douloureuses. Trop d’épreuves ont bouleversé les uns et les autres. Tout un parcours à refaire, même le Français à réapprendre.
Après une scolarité difficile, la réadaptation à la vie familiale achevée, Madeleine s’oriente vers des études de médecine ; profession qu’elle exercera pendant 27 ans.
Elle entreprend un DEA d’Histoire à la Sorbonne pour mieux connaître son passé.
Elle n’a pas oublié Mère Ardoin qui a su lui apporter réconfort et sérénité à la sortie de l’enfer des camps.

Le titre de « Juste parmi les Nations » a été attribué à Sœur Ardoin par la Commission des Justes de Yad Vashem à Jérusalem. »

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L’un des ouvrages de Madeleine Kahn (DR).

En 2000, Madeleine Kahn a signé L’Echarde à la Société des Ecrivains. Et en 2002, Quelques gouttes de bonheur.

Les Editions Bénévent ont publié en 2004 une étude sur Angelo Donati :
De l’oasis italienne au lieu du crime des allemands,
158 p.

4e de couverture :

– « L’action d’Angelo Donati s’inscrit dans l’Histoire, définie par Alexandre Adler, “comme une discipline ambiguë, mi-récit littéraire, mi-poursuite érudite et obsessionnelle de la vérité la plus pure.”

Si les multiples interventions d’Angelo Donati permirent, durant la Seconde Guerre Mondiale, de sauver nombre de Juifs apatrides et français, cette sauvegarde résulte de l’action conjuguée des troupes d’occupation italiennes dans le sud-est de la France, qui n’ont obtempéré ni aux diktats des Allemands, ni à ceux du Gouvernement de Vichy, et à la protection de ce banquier italien installé en France depuis la Première Guerre Mondiale. »

Madeleine Kahn, l’auteur :

–  » Relater son courage, ses démarches, ses initiatives m’était un devoir, un devoir qui m’a permis de rejoindre les souffrances des miens. »

NB : Les apports de Regine Sigal, du Comité Français pour Yad Vashem, ont permis la mise en ligne de cette page.