Pendant la guerre, Julien Azario, haut fonctionnaire de la police de Lyon, fit usage de tous les pouvoirs que lui a décernéit son statut pour venir en aide aux Juifs qui le contactaient ou qui lui étaient présentés après leur arrestation. Il leur procurait de faux papiers et faisait remettre en liberté des Juifs arrêtés. Il n’acceptait aucune contrepartie financière pour ses activités, qui étaient motivées par sa volonté de résister à l’occupation, de s’opposer à la politique du gouvernement de Vichy et un désir sincère de venir en aide aux persécutés. Au nombre des Juifs qui survécurent à la guerre grâce à lui se trouve la famille Binik – le père, la mère et la fille. Ils avaient fui la Belgique et s’étaient installés à Lyon où ils se faisaient passer pour des réfugiés français. Après l’occupation de la ville par les Allemands en novembre 1942, Azario fournit aux Binik de faux papiers ainsi que de fausses cartes d’alimentation les présentant comme des Français d’Algérie. Julien Azario était parfaitement conscient du fait qu’il risquait sa vie en aidant ces Juifs, mais cela ne l’empêcha pas de poursuivre la tâche qu’il s’était fixée.
Plusieurs membres d’une autre famille, les Boucara, évacués de Strasbourg au début de la guerre avec le reste de la population civile, avaient trouvé refuge chez des parents à Lyon. Jean et André, deux des frères Boucara, furent arrêtés le 14 juillet 1942 alors qu’ils prenaient part à une manifestation contre le régime de Vichy. La police releva leur identité. Vers la fin 1943, à la suite d’une opération de sabotage menée contre des soldats allemands, les autorités d’occupation donnèrent l’ordre à la police de prendre cent otages; les deux frères furent arrêtés. Ils furent présentés à J. Azario qui les fit immédiatement remettre en liberté et leur conseilla de changer de domicile. Ayant ainsi sauvé les deux hommes d’une mort certaine devant le peloton d’exécution, Azario leur donna, ainsi qu’aux autres membres de leur famille, des cartes d’identité qui ne portaient pas la mention « JUIF »; et étaient au nom d’une famille française de Tunisie, les Boucard. Il vint aussi en aide à Esther Cohen et à sa fille en leur donnant de faux papiers. Après la guerre, toutes ces personnes insistèrent dans leurs témoignages sur le fait que Julien Azario avait toujours refusé la moindre rémunération pour ses actions.
Le 7 novembre 1993, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Julien Azario le titre de Juste parmi les Nations.
Exposition: Désobéir pour sauver
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