Charente:le « sale boche » était un Juste
Soupçonnée de collaboration, la famille Stacke cachait des Juifs à Salles-d’Angles pendant la Seconde Guerre mondiale. Les parents viennent d’être nommés Justes. Une «revanche» pour leurs enfants.
Émile Stacke tient beaucoup à cette photo montrant ses parents, Joseph et Agnès, heureux dans leur ferme de Salles-d’Angles. Photo F. B.
La croix gammée est encore visible soixante-huit ans après sur la pierre blanche de la ferme familiale des Stacke à Salles-d’Angles. Une tache tenace sur l’honneur de cette famille d’émigrés tchèques soupçonnée de collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 3 septembre 1944, alors que la Charente vient juste d’être «libérée», Joseph, le père, manque d’être arrêté par les Forces françaises de l’intérieur (FFI). La méprise est totale. Dans la maison, les Stacke cachaient depuis deux ans une famille juive, les Fischl. Otto, le fils aîné, raconte cette journée dans son journal intime publié en 2009: «Des partisans se promènent avec des brassards FFI. M. Stacke a été traité de « boche » et de « collaborateur ». Pour se disculper, il a montré mes parents, n’est-ce pas trop tôt?»
L’homme dont il parle, c’est bien Joseph Stacke, l’émigré tchèque installé à Salles-d’Angles où il est mort en 1970 sans jamais avoir obtenu la nationalité française. Un homme souvent en colère qui a risqué sa vie et celle de sa famille pour sauver les Fischl. Cet antiquaire acariâtre et son épouse, Agnès, belle femme aux pommettes slaves, décédée en 1996, viennent d’être nommés «Justes parmi les nations». Les huit enfants Stacke, tous nés en Charente, dont quatre vivent encore dans la région, ont reçu mi-avril la nouvelle espérée depuis une éternité. Un courrier du comité Yad Vashem (2) qui apaise une douleur toujours vive.
Frédéric Berg
source:http://www.charentelibre.fr/2012/05/11/les-justes-faillirent-etre-fusilles,1094568.php du 11/05/2012
Article lié au Dossier 12333