Décès d’une Juste : Marianna Sloma Tysiak
Marianna Sloma Tysiak vient de s’y éteindre à l’âge de 86 ans.
Le Comité Français pour Yad Vashem a la grande tristesse de vous informer du décès de cette Juste parmi les Nations. A ses parents et à ses proches, nous présentons l’expression de nos condoléances émues et les plus sincères.
Quel hommage lui rendre, sinon saluer sa mémoire en rappelant comment Mme Tysiak – ainsi que ses parents – prouvèrent que des courages spontanés et désintéressés firent même échouer la Shoah alors l’occupant nazi et ses collaborateurs étaient certains de faire triompher leur haine génocidaire !
Synthèse du dossier de reconnaissance auprès de Yad Vashem :
– Joseph et Marianna Tysiak immigrèrent en France en 1922. Lui descendit dans la mine et elle resta au foyer comme nourrice. Leur fille s’appelait Marianna Sloma.
Honorée ce 22 février à Loos-en-Gohelle,
Dès 1940, le couple rejoint les membres du POWN, un réseau polonais et leur ferme devient un lieu de la résistance.Comme nourrice, Marianna apporte son affection à des enfants juifs au nombre desquels Norbert et Marie Cymbalista.
Lorsque les mesures anti-juives se précisent dans la région et se font de plus en plus menaçantes, M. et Mme Cymbalista, tailleurs à Lens, décident d’éloigner leurs deux enfants à la campagne. Ils les mettent à l’abri chez les Tysiak. Hélas, leur pressentiment se confirma : tous deux seront arrêtés lors des grandes rafles et déportés à Auschwitz (1) d’où ils ne reviendront pas.
Voilà comment et pourquoi, dès juillet 1942, les deux enfants juifs se retrouvent à Loos-en-Gohelle.
Les Tysiak décident de faire courir le bruit de l’arrestation par les Allemands non seulement des parents Cymbalista, mais aussi de leurs garçon et fille. Pour les mettre à l’abri des regards indiscrets et des délateurs, ils décident de cacher les enfants dans leur porcherie. Ils leur apprennent à s’y dissimuler dans les ballots de paille. A la moindre alerte, cette porcherie servira de cachette efficace.
En effet, une dénonciation conduisit les occupants chez les Tysiak. Les Allemands cherchèrent en vain les petits juifs, Marie et Norbert.
Et comme si ces risques n’étaient pas suffisants, la ferme de Loos-en-Gohelle servit de quartier général de la Résistance polonaise (fort active) dans la région.
Leurs parents ayant disparu en déportation, Marie et Norbert sont restés dans cette famille jusqu’en 1950. Ils furent scolarisés au village avant d’être pris en charge par la Communauté de Lens en 1950. Enfin, tous deux partirent vivre en Israël sans pour autant laisser se distendre les liens entre eux et les Tysiak.
.
Article lié au Dossier 11359