Ivan Beltrami, Juste parmi les Nations
Ivan Beltrami, Chevalier de la Légion d’Honneur au titre des Anciens Combattants (Ph. Arch. fam., BCFYV, DR).
Actualisation du dossier Yad Vashem
d’Ivan Beltrami
nommé Juste en 1984
Alors que ses souvenirs de Juste parmi les Nations seront bientôt proposés en librairies, voici une présentation des motifs ayant abouti à la reconnaissance d’Ivan Beltrami.
Sauvetages de Jean Bernard et de René David :
– « Ivan Beltrami débuta ses études de médecine en 1940. C’était à Marseille.
Il fut recruté dans les Chantiers de Jeunesse (1) en octobre 1941 et y fit la connaissance de Jean Bernard, un juif mobilisé comme lui.
Lorsque les chefs vichystes découvrirent que ce dernier était juif, ils multiplièrent les vexations jusqu’à lui faire perdre son sang-froid. Le prétexte était trouvé pour envoyer Jean Bernard en Camp disciplinaire et par la suite le livrer aux Allemands.
Depuis février 1942, Ivan avait la responsabilité de l’infirmerie. Il y hospitalisa Jean pour affection rénale grave. Peu de temps après, toute l’infirmerie fut consignée pour présomption de typhus. Plus personne ne pouvait donc y entrer ni en sortir.
Ainsi protégé, le jeune juif resta à l’abri des mesures disciplinaires et des provocations raciales. Après un mois, la quarantaine fut levée. Jean Bernard fut dirigé discrètement vers l’hôpital de Boulouris où le Docteur Boisnar le cacha jusqu’à sa démobilisation.
Marseille, février 1943. Ivan rencontre en rue Jean Bernard. Celui-ci erre, n’ayant pas mangé depuis trois jours. Les Allemands sont déjà venus à plusieurs reprises à son domicile que le jeune juif ne peut plus rejoindre.
A cette époque, Ivan partageait un appartement avec deux autres étudiants en médecine. Tout naturellement, il propose à Jean de se réfugier chez eux.
Un autre persécuté apparaît alors. Il s’agit d’un médecin juif Roumain : René David. Il avait préparé Ivan aux concours des Hôpitaux. Quand René échappe de peu à son arrestation dans l’hôtel où il logeait, il fait aussitôt appel à Ivan. Lequel lui ouvre immédiatement les portes de l’appartement où Jean Bernard était déjà abrité.
Les parents d’Ivan font face discrètement aux problèmes de ravitaillement résultant inévitablement de ce double hébergement.
Un mois s’écoule. Et soudain, les Allemands cernent tout le quartier. Ils procédent à des fouilles en règle. Et viennent frapper à la porte de l’appartement-refuge.
Ivan avait eu le temps de cacher Jean et René sur la terrasse, plus exactement sous l’auvent de la salle de séjour.
Bredouilles, les Allemands promettent néanmoins de revenir…
Il devenait impérieux d’évacuer les deux persécutés. Jean part se réfugier dans la Drôme. Ivan confie René à ses parents qui avaient une villa au bord de la mer.
Présentant un phlegmon péri-néphrétique, René doit être hospitalisé et opéré à la clinique du Docteur Aubert à Saint-Julien. Comme les Allemands traquaient aussi les juifs dans les cliniques et les hôpitaux, Ivan le retire de Saint-Julien pour le confier à nouveau à ses parents. Ceux-ci assurent les soins opératoires (le père était médecin).
Après un mois et demi de convalescence chez les Beltrami, René va se réfugier chez des amis, à Paris.
Jean Bernard et René David connurent tous deux les heures lumineuses de la libération. Inutile d’insister longuement sur leur immense gratitude envers Ivan Beltrami (2). »
Ivan Beltrami, insigne FFI n°97141 (Ph. Arch. fam., BCFYV, DR).
Notes :
(1) Vichy décida le 31 juillet 1940 de verser 86.740 jeunes des levées 39/3 et 40/1 dans des « camps de jeunesse » placés sous la responsabilité du général de la Porte du Theil. Ces camps dépendaient du ministère de la Famille et de la Jeunesse.
Rattachés depuis 1941 au secrétariat à l’Instruction publique, les jeunes de ces camps se virent préciser et imposer en juillet 1942 leur spécificité : « ordre, correction, discipline, élégante simplicité… » Leur uniforme combinait le vert, le kaki et le noir.
Le 23 juillet 1942, Vichy exigeait l’expulsion des juifs de ces camps.
(2) Nos remerciements à Ivan Beltrami et à Régine Sigal (déléguée du Comité Français) pour leurs apports à cette page.
Article lié au Dossier 2858