Le couple de commerçants avait sauvé un enfant juif
La Juste reconnaissance d’Israël
La médaille des Justes parmi les Nations a été remise par Yaron Gamburg, porte-parole de l’ambassade d’Israël, à Ginette Létoffé.
Dimanche, Ginette Létoffé a reçu la médaille des Justes au nom de ses oncle et tante Henri et Solange Ardourel. En 1944, ils ont sauvé de la mort le jeune Albert Szerman.
Dès les premières secondes, la chanson Nuit et Brouillard de Jean Ferrat a donné le ton de la cérémonie, entre émotion et gravité.
Dans la salle polyvalente de la commune, le maire de Crouy, Daniel Moitié, présidait dimanche après-midi un rendez-vous exceptionnel : la remise de la médaille des Justes parmi les Nations par Yaron Gamburg, porte-parole de l’ambassade d’Israël, à Ginette Létoffé, pour ses oncle et tante Henri et Solange Ardourel, à titre posthume.
L’honneur de la France
Le 22 juillet 1944, le couple de commerçants avait sauvé de la Déportation le jeune enfant juif Albert Szerman, alors que ses camarades de l’orphelinat de La Varenne étaient envoyés à Auschwitz.
Pour Viviane Saül, déléguée du Comité français pour Yad-Vashem, l’institut qui attribue cette distinction, Henri et Solange Ardourel « ont eu le courage d’agir malgré les risques encourus. Ils ont fait preuve d’un grand courage, d’une grande noblesse d’âme ».
Plus de 24 300 médailles des Justes parmi les Nations ont été attribuées dans 300 pays, dont 3 500 en France.
Pour Yaron Gamburg, ces Justes ont fait bien plus que de sauver des vies, « ils ont sauvé la dignité humaine et l’honneur de la France » et ce sont des « êtres ordinaires qui ont accompli des actes extraordinaires ».
Comme rappelé par le porte-parole de son ambassade en France, cette médaille est « la plus haute distinction » décernée par l’État hébreu et témoigne de « la gratitude et de la reconnaissance éternelle » du peuple juif.
« Ce jour-là, je l’ai espéré »
Pour Albert Szerman, qui avait 8 ans lorsqu’il a eu la chance de croiser le chemin d’Henri et Solange Ardourel, la cérémonie de dimanche était évidemment très intense au plan émotionnel.
« Ce jour-là, je l’ai espéré très longtemps, je l’ai attendu, il arrive enfin », témoignait d’emblée Albert Szerman, en saluant la mémoire de ces « deux êtres exceptionnels » sans lesquels il ne serait pas là.
« Ils m’ont offert de l’amour et le meilleur d’eux-mêmes. Sans eux, je ne serais qu’un nom et une date de naissance sur un monument », livrait le rescapé, en évoquant les « cauchemars qui hantent encore ses nuits. Aujourd’hui, le petit garçon est devenu un vieux monsieur. C’est un des grands jours de mon existence. J’aurais aimé qu’ils reçoivent cette distinction de leur vivant. »
Au nom de son épouse, Bernard Létoffé, le président du Comité d’entente des associations d’anciens combattants, confiait, lui, la surprise qui avait été celle de sa famille, en apprenant le comportement héroïque de ses proches, d’une extrême discrétion sur le courage hors du commun qu’ils avaient manifesté lors de ces heures sombres de notre histoire, que tentent, aujourd’hui encore, de travestir les négationnistes.
Philippe ROBIN
source: http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/le-couple-de-commercants-avait-sauve-un-enfant-juif-la-juste-reconnaissance-dis du 22/05/2012
Article lié au Dossier 12134