Le Pasteur Funé, son épouse et leur fille, Justes parmi les Nations
Ph. : Le Collet de Dèze (DR).
Trois enfants de la famille Draï :
Paul, Nelly et Pierre
furent cachés au Collet de Dèze
Le 12 juillet 2009, trois nouveaux Justes parmi les Nations ont enrichi la liste toujours plus longue de celles et de ceux qui, en France, prirent le risque de perdre leur vie pour sauver celles de gosses poursuivis dans le cadre de la Shoah.
Constitué par Yad Vashem, le dossier prouvant l’authenticité de cette histoire, peut se résumer comme suit :
– « A la base de cette reconnaissance, se détache la figure du témoin principal : Pierre Draï.
Il est né à Paris en 1940, cadet d’une fratrie de cinq frères et d’une sœur. Son père, Isaac, exerçait la profession de boucher tandis que sa mère, Zahri, était couturière. Venant d’Oran en Algérie, tous deux avaient rejoint la métropole à la recherche de travail stable. Ils s’étaient fixés dans le 18e arrondissement au 150 du boulevard Ney.
Un jour de septembre 1943, Zahri apprend qu’elle a été dénoncée comme juive. Isaac, qui travaillait dans une boucherie cachère et qui était donc très exposé, part aussitôt se réfugier chez des amis en province. Il sera néanmoins déporté sans retour le 3 février 1944.
Zahri, elle, pensait à tort, que son statut de mère de famille nombreuse la placerait à l’abri de la haine raciale. Mais bien vite, confirmation lui parvient de ce que la Gestapo et la Gendarmerie vont venir l’appréhender de même que les enfants. Les trois frères aînés de Pierre sont alors en classe, dans une école située près de l’église protestante du Tabernacle, dans le 18e arrondissement.
La mère demande à M. Eugène Charlet, Pasteur de cette église, de garder les trois petits le temps pour elle d’aller retirer les trois grands de leur école. Mais les Allemands y sont déjà qui l’arrêtent avec les trois aînés. Après Drancy, le convoi n° 59 les emportera vers Auschwitz le 2 septembre 1943.
Ne la voyant pas revenir, le Pasteur comprend qu’il s’est passé un malheur. Il cache les trois petits dans l’église protestante. Puis il les confie André Funé, également Pasteur, et à sa femme, Alice. Le couple a une fille de 14 ans, Jeanne. Les enfants Draï sont emmenés dans une colonie de l’Aube, Le Nid Fleuri, où d’autres enfants juifs, mais aussi arméniens et catholiques sont protégés, autant que possible, de la guerre.
Malgré toutes les privations, les époux Funé ont finalement sauvé les petits persécutés. Jeanne s’occupe plus particulièrement de Paul et de Nelly. Elle leur apprend à lire et à écrire. Elle les console autant que faire se peut. Et lorsque Paul tombe gravement malade, le couple Fune se bat pour le garder en vie. »
A titre posthume, le Pasteur Funé et son épouse Alice sont dorénavant Justes parmi les Nations. Encore vivante, leur fille, Jeanne a reçu également le Diplôme et la Médaille qu’elle mérita pleinement.
Le Comité Français pour Yad Vashem avait délégué Edith Moskovic et Robert Mizrahi pour cette cérémonie au Collet de Dèze.
Le Pasteur Funé et son épouse Alice (Arch. fam./BCFYV/DR).
Article lié au Dossier 11429