Remise de la médaille des Justes-Marguerite et Pierre Lignot

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Dossier n°

Remise de la médaille des Justes-Marguerite et Pierre Lignot

Le lundi 15 décembre 2012, dans l’Auditorium du  Mémorial de la Shoah de Paris, s’est déroulée, sur fond d’histoire de Saint-Etienne sous l’occupation,,  une émouvante cérémonie au cours de laquelle a été remise à titre posthume, aux ayants-droits de Marguerite et Pierre Lignot, la Médaille des Justes parmi les Nations (voir texte ci-dessous)

Monsieur Jacques Fredj, Directeur du Mémorial,  a accueilli un public recueilli et attentif, tandis que Monsieur Elad Ratson, Directeur des relations publiques de l’Ambassade d‘Israël en France remettait la marque de reconnaissance de l’Etat d’Israël aux enfants des Médaillés. Le Comité Français pour Yad Vashem était représenté  par Madame Viviane Saül et par Monsieur Alain Habif.

Madame Béatrice Lévy, donna lecture du témoignage que son père Jean-Philippe Lévy, récemment décédé,  avait adressé  il y a trois ans (alors qu’il avait 97 ans) à l’Institut Yad Vashem pour demander que Marguerite et Pierre Lignot, les amis qui lui avaient permis, au péril de leur propre vie , d’échapper à la déportation, soient reconnus Justes parmi les Nations .

Elle raconta comment à la déclaration de guerre, Jean-Philippe Lévy, né le 14 juin 1912,  Docteur en Droit, chargé de cours à la Faculté de Droit de Lyon,  mobilisé en 1939, puis démobilisé en 1940, avait été affecté à l’intendance militaire de Saint-Etienne en tant qu’officier de réserve, tandis que Pierre Lignot, officier d’active, avait reçu la même affectation. En raison des clauses de l’armistice, tous deux étaient un peu plus tard passés sous statut civil.

Lorsque le 4 octobre 1940, le premier statut des juifs, retira à Jean-Philippe Lévy le droit d’exercer le métier d’agent de l’état, il fit ses adieux à son collègue Pierre Lignot et lui confia la raison de son départ. Ce dernier, révolté par cet injustice, l’invita chez lui le dimanche suivant, jour où naquit entre les deux hommes, une profonde amitié.

Pendant les quelques temps qui suivirent la destitution de ses droits,  Jean-Philippe Lévy resta à Saint-Etienne, vivant chichement de  petits emplois  et percevant les droits d’auteur de ses précédentes publications, par le biais de Pierre Lignot qui lui servait de prête-nom. Mais à partir de novembre 1942,  date de l’invasion de la zone libre, les arrestations et les rafles se multipliant, le proscrit dut souvent avoir recours à l’accueil de ses amis dont la porte était toujours ouverte.  André Lignot leur fils, qui était alors âgé de six ans,  a brossé en quelques phrases pleines de sensibilité, l’atmosphère de cet attachement réciproque. (voir ci-joint le discours qu’il a prononcé lors de la cérémonie qui vient d’honorer ses parents).

Quand en octobre 1943, Jean-Philippe Lévy partit pour Toulouse où il avait obtenu un poste à la maison d’édition des Juris-Classeurs, il n’était pas pour autant à l’abri des poursuites.  Pierre Lignot lui proposa alors d’utiliser une copie de sa propre carte d’identité. A Jean-Philippe Lévy qui avait scrupule à accepter une telle proposition, du fait des risques qu’elle comportait, il rétorqua : « Je m’en fous ! faites-le ».