Les Justes
Pierre Lebrun
Année de nomination : 2009Date de naissance : 08/06/1881
Date de décès : 15/05/1957
Profession : Boulanger
Marthe (Jamard) Lebrun
Année de nomination : 2009Date de naissance : 22/12/1888
Date de décès : 21/08/1960
Profession : Boulangère
Département : Manche
Région : Normandie
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
En mars 1943, deux policiers français recherchent une famille juive dans le 20ème arrondissement de Paris. Ne la trouvant pas, ils demandent à la concierge si d’autres Juifs habitent dans l’immeuble. Elle leur parle en toute innocence des Wolnerman. Isaac Wolnerman était modiste, émigré de Pologne dans les années 1920 et sa femme Frymeta était aussi d’origine polonaise. Le couple avait trois enfants, Rose née en 1925, Maurice né en 1926 et Denise née en 1936. Seuls Denise et Maurice étaient dans l’immeuble à ce moment-là mais après une perquisition poussée, les policiers repartirent sans rien trouver.
Peu après, Rose Wolnerman parla de cet incident effrayant à sa collègue de travail et amie non juive, Simone Jamard. Sentant le danger grandissant pour les Wolnerman, Simone Jamard se tourna vers sa mère Germaine, femme de chambre dans un hôtel et suggéra que Denise soit envoyée chez la sœur de Germaine, Marthe Lebrun. Germaine accepta et Rose accompagna Denise dans le village où habitaient les Lebrun à Notre-Dame-de-Cenilly dans la Manche. Marthe vivait avec son mari Pierre, leur fils Alfred, et leur nièce Christiane Jamard. Le couple, des Catholiques pratiquants, accueillirent Denise immédiatement.
La fillette avait une fausse identité, Denise Volner, et les Lebrun racontèrent à leurs voisins qu’elle était la petite-fille d’amis parisiens qui redoutaient que les bombardements mettent en péril leur famille. Denise allait à l’école et participait même au catéchisme. Seuls les adultes de la famille Lebrun ainsi que le curé et l’instituteur de Denise, savaient qu’elle était en vérité juive. Le danger de dénonciation était réel car les soldats allemands fréquentaient la boulangerie et le café tenus par les Lebrun. Ceux-ci s’occupèrent avec amour de Denise même pendant les combats qui se déroulèrent dans la région et les lourds bombardements de l’été 1944.
Quand Isaac Wolnerman reçut l’ordre de se rendre à la gare Saint-Lazare en mai 1944 pour le STO, sa fille Rose se tourna une fois de plus vers Simone Jamard qui persuada Isaac de ne pas se rendre à la convocation et demanda à sa mère de cacher deux personnes de la famille dans son petit deux-pièces au dernier étage d’un immeuble du 16ème arrondissement. L’appartement de Simone était trop petit pour accueillir quatre personnes. Il fut convenu que Frymeta et Maurice irait chez les Jamard, tandis qu’Isaac et sa fille Rose se cacheraient dans l’un de leurs deux appartements dans le 20ème arrondissement, laissant l’autre vide. La concierge, qui appréciait cette famille, accepta de diriger quiconque ferait des perquisitions vers l’appartement vide. Les deux moitiés de la famille ne se revirent pas jusqu’à la fin de la guerre. Germaine et Simone s’assuraient que leurs protégés n’avaient jamais faim malgré les restrictions alimentaires et la crainte que leur propre concierge les dénonce aux autorités allemandes.
Isaac continua à travailler comme modiste, évitant fréquemment d’être arrêté quand il s’aventurait dehors pour apporter à des clients non juifs leur marchandise. Dans son témoignage après guerre, il souligna la chaîne d’amitié et de bonne volonté que ses collègues et connaissances avaient déployée pour lui et sa fille pendant tout le temps où ils avaient été cachés.
En août 1944, Paris fut libéré et peu après, Simone Jamard renvoya Denise chez sa famille. Denise continua à rendre visite à ses sauveteurs tous les étés jusqu’en 1949, et après maintint un contact étroit avec la belle-fille des Lebrun, la femme d’Alfred, jusqu’à son décès en 1997. Rose Wolnerman resta aussi en contact avec Simone Jamard jusqu’à son décès en 1991.
Le 30 mars 2009, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shaoh, a décerné à Monsieur Pierre Lebrun et à son épouse Marthe Lebrun, à Madame Germaine Jamard et à sa fille Madame Simone Féran née Jamard, le titre de Justes parmi les Nations.
Documents annexes
Article de presse – La Nouvelle République du 15/06/2010 | |
Invitation cérémonie | |
63 ans après la Libération, les retrouvailles |