Dossier n°12151 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Henry De Menthon

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 22/10/1865
Date de décès : 06/11/1952
Profession : Maire

    L'histoire

    Henry de Menthon est né le 23 octobre 1865 à Choisey (Jura). Issu d’une vieille famille catholique de militaires, il entre dans la Marine en 1883.

    Après avoir lui-même servi en qualité de lieutenant de vaisseau, il quitta l’armée et devint propriétaire terrien dans la petite commune de Saint-loup-lès-Gray, localité dont il devint maire en 1894.

    Après avoir combattu vaillamment au cours de la Grande guerre, il est fait chevalier de la Légion d’honneur et décoré, au titre de la guerre de 1914-1918, de la croix de guerre et de la D.S.O. anglaise.
    En 1919, il se présenta aux élections législatives sur la liste de l’union nationale républicaine. Élu, il sera réélu en 1924. Son mandat prendra fin en 1928.
    Il publia un ouvrage Vingt-deux mois de campagne autour du monde, journal d’un aspirant de marine qui fut couronné par l’Académie française.

    Il est père de neuf enfants, dont l’aîné est François, né en 1900.

    Maintenu dans ses fonctions de maire de Saint Loup-lès-Gray pendant l’Occupation, en 1943, il va cacher dans son château trois enfants juifs, Raphaël, 10 ans, sa sœur Claire, 8 ans, et son frère Jean-Jacques, 6 ans.
    Leurs parents, Salomon et Émilie Djemila Farhi, étaient arrivés de Turquie en France dans les années 1920 et habitaient Paris avec leurs sept enfants : Albert, Angèle, Victorine, Raphaël, Claire, Jean-Jacques et Daniel. Salomon était ouvrier chez Esso.
    Restés à Paris pendant l’occupation, le couple décide de trouver un refuge pour ses enfants, mais Albert, Angèle, Victorine, les plus âgés ainsi que le petit dernier Daniel (3 ans) refusent de quitter leurs parents. Raphaël, Claire et Jean-Jacques seront emmenés pour être protégés avec d’autres enfants par le réseau de secours « Secours national ».
    Le 27 juillet 1943, Salomon accompagne ses trois enfants à la station de train et demande à Claire de lui faire deux promesses : de ne jamais oublier ses origines juives et de ne jamais quitter ses frères. C’est ainsi que la famille Farhi se sépara.
    Les enfants arrivent à Saint Loup-lès-Gray (Haute-Loire) où ils ont été dispersés dans deux familles. La petite Claire est placée chez M. et Mme Vauthier, jardinier de Monsieur le comte. Ils avaient demandé une petite fille mais pas forcément deux garçons de plus… Claire se souvient : « Je hurlais tellement que Monsieur le comte qui se promenait dans le parc est venu demander ce qui se passait. Il a fait un geste de la main qu’aujourd’hui je n’ai pas oublié et il a dit : « je les prends tous les trois« . Raphaël et Jean-Jacques arrivent alors au château, occupé par des officier allemands, tandis que Claire reste dans la maison du jardinier, rejoignant ses frères pour les nuits.
    Les enfants Farhi ont pu garder un contact avec leurs parents jusqu’au 4 mai 1944, date de leurs arrestation et déportation à Auschwitz avec leurs 4 autres frères et sœur, d’où ils ne sont jamais revenus. Seul le plus grand, Albert, a survécu. A la fin de la guerre, après avoir appris la mort de leurs parents, Raphaël, Claire et Jean-Jacques ont été placés dans un orphelinat perdant ainsi tout contact avec la famille de Menthon.

    Le comte Henry de Menthon est le père de François de Menthon, résistant. À la Libération, François de Menthon devient ministre de la Justice dans le Gouvernement provisoire de la République française du général de Gaulle de septembre 1944 jusqu’au 8 mai 1945. Il sera en charge entre autres du procès du maréchal Pétain, de Charles Maurras et de l’épuration de certains fonctionnaires du régime de Vichy. Il sera également procureur au procès des criminels nazis à Nuremberg (1946) et donna la première définition du crime contre l’humanité (« un crime contre le statut d’être humain motivé par une idéologie ») et deviendra député de Haute Savoie, ministre sous la IVe République, et président de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe après avoir activement participé à la création de l’Europe.

    Henry de Menthon restera maire de sa commune jusqu’à sa mort, survenue le 6 novembre 1952, à l’âge de 87 ans.

    Claire Farhi s’installera en Israël en 1959.

    C’est son petit-fils, Olivier de Menthon, aujourd’hui retraité et qui vit dans le château médiéval familial à Menthon-Saint-Bernard, en Haute-Savoie, qui a reçu la médaille des Justes pour son grand-père le 5 septembre 2012. Il dira à l’AFP : « Mon grand-père était très discret et nous ne savions rien de cette histoire avant que Dina nous contacte il y a deux ans. Aujourd’hui, nous formons maintenant une seule famille avec la sienne« .

    Le 14 juillet 2011, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a reconnu le comte Henry de Menthon* comme Juste parmi les Nations.

     

     

    Documents annexes

    Article de presse - Journal des Combattants du 15/09/2012Article de presse – Journal des Combattants du 15/09/2012
    12 septembre 2014 11:52:48

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 12 mois.