Dossier n°12726 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

André Magloire, Jules Martin

Année de nomination : 2013
Date de naissance : 26/03/1912
Date de décès : 26/06/1998
Profession : Gendarme
    Localisation Ville : Annot (04240)
    Département : Alpes-de-Haute-Provence
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Jacques Moussafir (né à Rhodes en 1897) et Mathilde Notrica (née à Rhodes en 1903) se sont mariés  en 1925 à Paris. Jacques avait étudié en France de 1912 à 1916 à l’Ecole de l’Alliance Israélite Universelle, s’établit définitivement à Paris en tant que commerçant en 1921. Mathilde quant à elle vivait à Paris depuis 1919 où elle était venue pour suivre ses études au lycée Victor Duruy.

    Le couple habitait dans le 17ème arrondissement. Leurs deux fils Jean né en 1932 et Claude né en 1928 ont été déclarés français par leurs parents en 1938. Les parents quant à eux ont été naturalisés en 1946.

    Pendant l’occupation, la famille avait été protégée à Paris par les Italiens jusqu’en mars 1943, car Rhodes était colonie italienne depuis 1912. La situation étant devenue plus difficile en mars 1943, la famille passe en zone libre avec les deux grands parents, Issac et Léa Moussafir, en utilisant leurs papiers italiens. Ils s’établissent à Nice où ils vivaient tranquillement jusqu’à la capitulation italienne en septembre 1943. A ce moment ils commencent à chercher un endroit plus sûr. Un couple juif, les Darmon, leur signale Annot, un village d’un millier d’habitants dans les Basses-Alpes (Alpes de Haute Provence).

    A Annot, ils habitent d’abord à l’hôtel puis font la connaissance d’un gendarme Monsieur MARTIN André, de sa femme Elisabeth et de leurs enfants. Sur la base d’un acte de naissance de jacques Moussafir, rédigé en turc avec des caractères arabes (Rhodes avait été turque jusqu’en 1912), le gendarme leur fournit une déclaration sur papier à en-tête de la Gendarmerie indiquant qu’ils étaient tous de « confession musulmane ». Il leur trouve aussi une villa en location un peu isolée.

    La famille Moussafir établit des relations d’amitié avec les MARTIN.

    Tout se passe bien jusqu’en février 1944, quand un collaborateur dénonce une vingtaine de juifs qui résidaient à Annot. André Martin informe du danger ceux qu’il connaissait. Il accompagne les parents Moussafir et leurs enfants en voiture jusqu’à Ubraye, un hameau perdu sans électricité à 14 kilomètres et il cache les grands parents à Annot, dans un appartement aux volets clos. Après quinze jours, il informe la famille Moussafir cachée à Ubraye de revenir à Annot.

    Là André et Elisabeth Martin les attendent tard dans la nuit dans leur appartement de fonction situé dans l’immeuble de la Gendarmerie avec un bon dîner. Ensuite ils les logent dans l’appartement du village où logeaient déjà en secret les grands parents Moussafir et le couple Darmon (huit personnes). La fille aînée des Martin,  Liliane, neuf ans à l’époque, leur apportait à manger en secret.

    Les familles Moussafir et Darmon, sont restées cachées là jusqu’à la Libération. André Martin est parti au maquis et pendant ce temps sa femme Elisabeth s’occupait d’eux.

    La famille Moussafir a gardé des relations après la Libération, il parait évident que la caserne des gendarmes ainsi que des habitants du village étaient au courant des faits.

    Le 17 décembre 2013, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Monsieur André MARTIN le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Invitation cérémonie MartinInvitation cérémonie Martin

    Articles annexes