Dossier n°12769 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Pierre Antoine Laboureur

Année de nomination : 2014
Date de naissance : 23/11/1892
Date de décès : 15/07/1983
Profession : Retraité

Marie Madeleine (Granger) Laboureur

Année de nomination : 2014
Date de naissance : 20/03/1895
Date de décès : 06/12/1989
Profession : Retraitée
    Localisation Ville : Saint-Raphaël (24160)
    Département : Dordogne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Henri (Heinrich) Bondy est né en 1902 à Broumow (Braunau) en Tchécoslovaquie. Il vit à Paris depuis 1926. Il y crée un commerce de bijouterie fantaisie rue de Réaumur, dans le 3ème arrondissement. Nelly Strasser est née en 1910 à Vienne en Autriche. Elle y reçoit une excellente éducation et parle plusieurs langues, l’allemand, le français, l’anglais, l’italien, le danois. Elle rencontre Henri à Paris, en 1935. Leur mariage a lieu à Vienne en 1936. Le couple habite rue de Réaumur à Paris. Trois enfants naissent : Solange en 1937, Raymond en 1939 et Claude en 1941. Une gouvernante autrichienne Marguerite (qui après guerre se marie et devient Madame Moritz), juive, parlant français, veille sur les enfants.

    À la déclaration de guerre, Henri Bondy est engagé volontaire dans un régiment tchèque faisant partie de l’armée française. Démobilisé, il revient à Paris. Arrêté par la police française en mai 1941, il est interné pendant treize mois dans le Loiret dans le camp de Beaune-la-Rolande.  Il est déporté par le convoi N° 5, parti directement de Beaune-la-Rolande le 28 juin 1942. Il est assassiné le 7 septembre 1942 à Auschwitz.

    Très tôt un matin de juillet 1942, Nelly Bondy n’ouvre pas aux coups frappés à sa porte. Rapidement, Nelly, ses trois enfants et Marguerite prennent le train pour Lyon. Leur fuite les conduit à Lyon, Mâcon, Crémieu dans la Nièvre.

    En mars 1943, Nelly Bondy, à court d’argent, retourne à Paris afin de s’en procurer. Arrêtée gare de Lyon, internée à Drancy, elle est déportée à Auschwitz par le convoi N° 55 le 23 juin 1943. Sa connaissance de l’allemand et de l’anglais lui permettent d’être affectée dans l’administration du camp. Elle y apprend brutalement la mort de son mari. Elle survit aux terribles épreuves de la déportation, fait les Marches de la Mort, survit grâce à son immense courage et à son désir de retrouver ses enfants.

    Marguerite fuit avec les enfants à Périgueux, en Dordogne. Ils habitent à l’hôtel. Elle repère une  petite annonce. Pierre et Marie Laboureur, habitant Saint-Raphaël, recherchent des locataires. Pierre Laboureur a quitté son travail à Paris pour créer avec son épouse Marie un internat pour jeunes filles apprenant la couture. Ce projet s’écroule avec la guerre. Ils n’ont pas de revenus. Marguerite part avec le petit Claude âgé de deux ans, à Saint-Raphaël, en Dordogne. Marie et Pierre Laboureur, couple au grand cœur, sans enfant, accepte de prendre les trois petits, sans aucun paiement. Cette fidèle Marguerite trouve du travail à Toulouse. Elle envoie une partie de son maigre salaire à Madame Laboureur. Les enfants vont à l’école. Marie surveille leçons et devoirs. Les enfants reçoivent une bonne éducation et beaucoup d’affection. Ils appellent leurs protecteurs Mareur et Meureur, ces noms venant du petit Claude qui ne peut pas prononcer Madame Laboureur et Monsieur Laboureur. Pierre Laboureur cultive son jardin, élève des poules, des lapins, emmène les enfants aux champignons, il leur fabrique des jouets. Les enfants ne manquent de rien. Les enfants s’intègrent à la vie du village. Personne ne les dénonce.

    Les Allemands font des incursions dans le village, à la recherche de Juifs et de Résistants. Un matin de mai ou juin 1945, Marguerite, qui avait trouvé du travail à Paris, revient chez Pierre et Marie Laboureur, accompagnée d’une dame. Les enfants ne reconnaissent pas leur maman. Les Laboureur accueillent cette mère qui a tant souffert. Ils la soignent, l’aident à se rétablir. Nelly Bondy part à Paris, trouve du travail, loge à l’hôtel. Ce n’est qu’au bout de deux ans, après avoir récupéré son appartement, qu’elle peut reprendre ses enfants. C’est Marie Laboureur qui les raccompagne. Elle reste pendant deux semaines avec eux à Paris. Grâce à Madame Laboureur et à l’institutrice de l’unique classe de Saint-Raphaël, Madame Palaquet, Solange réussit l’examen d’entrée en 6ème au lycée Victor Hugo.

    Marie et Pierre Laboureur, malgré leurs faibles moyens, ont accueilli Claude 2 ans, Raymond 4 ans et Solange 6 ans. Ce couple leur a donné beaucoup d’amour. Ils ont pris soin de leur mère, rescapée des camps. Ils ont gardé les enfants jusqu’à ce que leur mère puisse les reprendre à Paris. Les liens sont restés étroits avec la famille, avec les habitants de Saint-Raphaël et des environs.

    Le 21 mai 2014, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné  à Monsieur Pierre Laboureur et à son épouse Madame Marie Laboureur, le titre de Juste parmi les Nations.

    DiscoursDiscours
    Article de presse - Sud-Ouest du 14/10/2015Article de presse – Sud-Ouest du 14/10/2015
    Invitation cérémonieInvitation cérémonie

    Articles annexes