Les Justes
Année de nomination : 2016Slavko Zaffani
Année de nomination : 2016Date de naissance : 20/10/1902
Date de décès : 31/12/1964
Profession : Cultivateur
Département : Seine-Saint-Denis
Région : Île-de-France
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Slavko Zaffani
La famille Gersztenkorn est originaire de Pologne. Abraham émigre en France après la première guerre mondiale pour fuir l’antisémitisme virulent et violent qui sévit en Pologne. Il rencontre Shava qu’il épouse et le couple s’installe à Sevran en région parisienne. Shava a appris le Français en Pologne. Le couple a cinq enfants, Annette, Rosette, Rachel, Daniel qui naît en 1938 et une petite fille. La vie est difficile.
En septembre 1939, le père de Daniel s’engage dans un des régiments de la Légion Etrangère montrant son attachement à la France et son désir d’être bon citoyen. Au printemps 1940, c’est l’exode et les Gersztenkorn partent se mettre à l’abri à Catusseau en Gironde. En 1942, la famille revient à Sevran et s’installe dans un autre immeuble, leur appartement ayant été pillé et saccagé. Abraham est tailleur. Le propriétaire, Slavko Zaffani, d’origine bosniaque est également tailleur. Une entente amicale s’installe entre les familles. Les gendarmes viennent plusieurs fois pour arrêter le père Gersztenkorn qui réussit à leur échapper. Celui-ci s’adresse au secrétaire général de la mairie, André Dupré, qu’il sait dans la Résistance depuis la première heure et qui accepte de fournir des faux papiers au nom de Blanchard. Abraham devient Albert, Shava devient Suzanne, Rachel s’appelle désormais Nicole. Il obtient des faux certificats de baptême catholiques.
En cette période de pénurie, Slavko Zaffani a créé une petite exploitation agricole avec quelques vaches, des porcs et des volailles. Un gendarme trouve un cheval errant dans la ville, le confie à Slavko Zaffani et vient régulièrement voir le cheval et se fournir en lait. Un jour, le gendarme le prévient qu’une rafle imminente va se dérouler. Immédiatement Slavko Zaffani prévient mes parents et leur dit de mettre l’appartement en désordre pour faire croire à un départ précipité. Il leur dit qu’il doit nous cacher sans perdre un instant. Et nous nous retrouvons dans les combles de l’étable, sorte de soupente. Nous sommes alors cinq enfants et la dernière n’a que six mois. Cette nuit-là, la gendarmerie accompagnée de la gestapo, entre violemment en affirmant à Slavko Zaffani « il y a une famille juive chez vous ». Celui ci répond très tranquillement : « Oui mais ils sont partis sans me prévenir et voyez dans quel état ils ont laissé le logement ». Les forces de gendarmerie continuent à fouiller pendant un long moment en frappant à toutes les portes et hurlant comme des sauvages.
Suite à la rafle ratée, la famille Gersztenkorn part en zone « libre » dans le Tarn près de Lacaze, petite commune arrondissement de Castres à 40 km d’Albi où elle reste jusqu’à la Libération. Pour donner le change, les filles aînées Annette et Rosette participent à une procession de la Vierge le jour de la Pentecôte. A partir de novembre 1944, les enfants peuvent enfin être inscrits à l’école. En août 1945, les Gersztenkorn reviennent à Fontainebleau. Abraham espère retrouver ses parents et son jeune frère, hélas ils avaient été dénoncés et ont été déportés ainsi que toute la famille maternelle.
Daniel a entrepris des démarches pour retrouver les descendants de Slavko Zaffani qui a eu ce courage immense de mentir la nuit de cette rafle pour sauver les Gersztenkorn de l’extermination incontournable qui leur était réservée. En juillet 2015, il retrouve un des fils de Slavko Zaffani et c’est un moment d’émotion extraordinairement intense.
Le 19 janvier 2016, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Slavko Zaffani.
Documents annexes
Aucun document