Les Justes
Madeleine Cordier
Année de nomination : 1990Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Religieuse au couvent des Sœurs Hospitalières de Beaune
Victoire Cordier
Année de nomination : 1990Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession :
Département : Jura
Région : Bourgogne-Franche-Comté
L'histoire
Victoire et Madeleine Cordier vivent à Champagnole, petit village dans les monts du Jura. Leur mère Hélène, veuve habite la Chapelle des Bois, une maison isolée dans les montagnes. Son mari Victor avait été soldat de la grande guerre et il est décédé peu après sa démobilisation, amputé du bras droit, Madeleine avait 1 an et sa jeune sœur Victoire nait quelques mois après.
Madeleine doit quitter l’école à 16 ans pour travailler et soutenir sa mère, elle est clerc de notaire, sa sœur suit son chemin. La guerre est déclarée et les deux sœurs ont 20 ans. L’engagement en Résistance se fait peu à peu, au sein du réseau lyonnais Corvette. La maison familiale, située à la limite de la frontière suisse à Chapelle-des-Bois, offre un point d’accueil stratégique. Madeleine et Victoria, chaque samedi, viennent de Champagnole par le tram puis en vélo. Souvent, elles portent de précieux bagages : des renseignements, du courrier, des gens traqués, des enfants menacés. Madeleine, dans l’étude notarial, dispose de tampons à l’effigie de la république. Son patron s’appelle Maurice Falcot, qui devient Mairie. Elle a donc à ce moment-là plus de faciliter pour fabriquer des authentiques faux papiers.
Poussées par leur profonde foi chrétienne, Madeleine et Victoire consacrent leurs efforts à aider des personnes fuyant les Allemands ou le régime de Vichy, à passer la frontière suisse. Utilisant la maison de leur mère comme relais, elles escortent les fugitifs par de difficiles sentiers de montagne, jusqu’en Suisse. C’est extrêmement dangereux car les gendarmes patrouillent dans toute la région et se montrent impitoyables vis-à-vis de tous ceux qui cherchent à fuir la France occupée, comme de ceux qui les aident.
Edith Goldapper a dix-neuf ans quand elle rencontre les deux sœurs. Elle vient du Château de la Hille, qui héberge une centaine de petits réfugiés venus d’Allemagne. L’établissement est patronné par le Secours suisse aux enfants, qui travaille avec la Croix-Rouge. En 1943, Anne-Marie Piguet, la directrice du centre, comprend que les jeunes de plus de quinze ans vont être prochainement arrêtés et déportés. Elle décide très vite de les placer dans des familles d’accueil ou de les faire passer en Suisse. C’est ainsi qu’Edith Goldapper est envoyée chez les sœurs Cordier en novembre 1943. De fortes chutes de neige rendent la frontière infranchissable. Édith séjourne environ un mois dans la maison des Cordier. A la mi-décembre, le temps s’améliore et il est décidé de tenter le passage. Victoire part avec Édith et une autre réfugiée. Elles s’arrêtent d’abord à la Chapelle des Bois, chez Hélène Cordier. Le lendemain soir, elles se fraient un chemin dans la montagne enneigée et arrivent saines et sauves de l’autre côté de la frontière, chez les parents d’Anne-Marie Piguet. Le lendemain, toujours escortées par Victoire, les deux fugitives se rendent à Zürich, réussissant à éviter tout contact avec les garde-frontières suisses qui renvoient généralement en France les gens qui pénètrent clandestinement dans le pays.
Victoire et Madeleine ont assuré l’accueil à Champagnole et la traversée jusqu’en Suisse des enfants du foyer de la Hille (en Ariège) âgés de 14 à 22 ans.
Beaucoup d’autres Juifs sont sauvés par les sœurs Cordier, dont le courage était d’autant plus remarquable que la région frontalière était étroitement surveillée et que plusieurs passeurs ont été arrêtés, exécutés ou condamnés à de lourdes peines.
Dès que sa mère a pu bénéficier d’une pension, Madeleine a fait son choix de vie, le choix d’être religieuse et devient Sœur Madeleine. Elle entre en 1953 au Noviciat de l’Ordre des religieuses hospitalières de Sainte Marthe à Paray.
Le 16 juillet 1990, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah a décerné, à Victoire et à Sœur Madeleine Cordier, le titre de Juste parmi les Nations.