Les Justes
Marie-Rose Gineste
Année de nomination : 1985Date de naissance : 10/08/1911
Date de décès : 30/08/2010
Profession : Assistante sociale
Département : Tarn-et-Garonne
Région : Occitanie
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Les mouvements juifs clandestins, qui sauvèrent d’innombrables vies juives dans la France occupée, travaillaient le plus souvent avec le concours de non juifs, dont des membres du clergé. En août 1942, Mgrs Jules Gérard Saliège (q.v) évêque de Toulouse, et Pierre Marie Théas (q.v.) évêque de Montauban, publièrent des lettres pastorales condamnant avec véhémence l’arrestation et la déportation des Juifs de nationalité française. Des résistants diffusèrent ces lettres dans toute la France et elles eurent une profonde influence sur l’opinion publique, désormais plus disposée à aider les Juifs. Parmi ces Français courageux se trouvait Marie-Rose Gineste, qui vint en aide à de nombreux Juifs pendant la guerre. Juchée sur sa bicyclette, elle sillonna son département, le Tarn-et-Garonne pour remettre aux curés du diocèse la lettre de Monseigneur Théas, avec lequel elle travaillait, ainsi que d’autres publications. Assistante sociale de son état, elle habitait Montauban, dans le sud de la France. Elle avait commencé à faire de la résistance en 1942, n’en pouvant plus de voir la souffrance des Juifs persécutés et le désespoir des enfants sauvagement arrachés à leurs parents. Sa maison, qui n’était qu’à une centaine de mètres du siège de la Gestapo, était devenue un relais pour les réfugiés et un centre d’activités clandestines. Marie-Rose cacha des enfants juifs et plusieurs femmes juives dans des monastères de la région de Montauban. Avec l’assistance d’autres résistants et d’amis juifs, elle leur fournit de faux papiers. Elle en assumait elle-même la fabrication – depuis l’obtention des formulaires nécessaires à leur confection jusqu’à la signature – puis les remettait à ceux qui en avaient besoin : Juifs qui se cachaient, résistants passés dans la clandestinité, aviateurs alliés ayant sauté en parachute de leur appareil en perdition. Elle était constamment en danger du fait de l’étendue de ses activités qui finit par éveiller les soupçons. Arrêtée par la police de Montauban, elle subit un interrogatoire. Malgré les cruels sévices, elle réussit à tenir bon et à persuader les policiers de son innocence. Finalement elle fut libérée faute de preuve. Après la guerre, la famille Brill, des Juifs de Montauban, déclara dans son témoignage que Marie-Rose Gineste leur avait fourni de faux papiers, y compris un certificat de baptême. Elle les avertit d’une rafle imminente, ce qui leur sauva la vie. Emilie Braun, une juive allemande, devait quitter sa cachette de Montauban et avait besoin d’une aide urgente. Marie-Rose lui fournit les papiers nécessaires et lui expliqua clairement comment s’échapper de la ville. Emilie Braun trouva asile dans une ferme des alentours où elle put demeurer jusqu’à la fin de l’Occupation. Elle partit ensuite s’établir en Israël. Une quarantaine d’années plus tard, Marie-Rose Gineste, qui venait de se voir conférer le titre de Juste parmi les Nations, se rendit en Israël et rencontra Emilie, à laquelle, si longtemps auparavant, elle avait sauvé la vie.
Le 24 octobre 1985, Yad Vashem – Institut Internationale pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Marie-Rose Gineste le titre de Juste parmi les Nations.