Les Justes
André Trocmé
Année de nomination : 1971Date de naissance : 07/04/1901
Date de décès : 05/06/1971
Profession : Pasteur ERF,cheville ouvrière de la prise en charge des juifs réfugiés dans la région du Chambon
Magda (Grilli Di Cortona) Trocmé
Année de nomination : 1984Date de naissance : 02/11/1901
Date de décès : 10/10/1996
Profession : Elle aida son mari dans le sauvetage des juifs, trouva des familles d’accueil
Département : Haute-Loire
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Lieu porteur de mémoire
L'histoire
Lorsque Charles Guillon (q.v.), pasteur de Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) fut élu maire de la ville dans les années trente, André Trocmé devint le pasteur de la communauté. Le 23 juin 1940, lendemain de l’armistice, Trocmé et son collègue Edouard Theis (q.v.) exhortèrent leurs paroissiens à résister en employant les « Armes de l’Esprit ». Leur attitude et celle du maire firent de Chambon et des villages des alentours un havre incomparable où des centaines de Juifs – enfants ou familles entières – trouvèrent refuge et survécurent à la guerre. L’épouse du pasteur, Magda, l’assista dans cette tâche. Avec d’autres, elle se chargeait de trouver des familles d’accueil et encourageait les pensionnats de la ville à ouvrir leurs portes aux nouveaux venus. Ces activités, formellement interdites par la politique anti-juive de Vichy, étaient vigoureusement soutenues par les pasteurs Trocmé et Theis. Ni les pressions exercées sur lui par les autorités, ni les nombreux contrôles de la gendarmerie n’entamèrent sa détermination. Le 15 août 1942, il exposa avec une grande clarté sa position à Georges Lamirand, secrétaire d’État à la jeunesse du gouvernement de Vichy, venu en visite officielle au Chambon. Quelques jours plus tard, des gendarmes chargés de purger la ville de ses étrangers en situation irrégulière, apparurent sur la place du marché. La tension atteignit son paroxysme le 30 août. Le bruit courut que le pasteur était sur le point d’être arrêté et c’est dans une église pleine à craquer qu’André Trocmé prononça son homélie dominicale. Il conjura ses paroissiens d’obéir à la volonté de Dieu et non à celle des hommes et leur rappela les versets 2 à 10 du Deutéronome, évoquant le devoir d’asile aux persécutés. Personne ne fut arrêté ce jour-là et les gendarmes se retirèrent quelque temps après, leurs fourgons toujours vides. En février 1943, le pasteur fut arrêté avec deux de ses collègues, le pasteur Edouard Theis (q.v.) et un enseignant, Roger Darcissac (q.v.). Tous trois furent internés au camp de Saint Paul d’Eyjeaux, près de Limoges. Ils y furent détenus trois semaines. Le commandant du camp multiplia en vain les efforts pour faire signer aux pasteurs l’engagement de respecter les consignes du gouvernement. Remis néanmoins en liberté, Theis rejoignit la CIMADE et participa aux filières d’évasion vers la Suisse, tandis qu’André Trocmé, de santé fragile, dut passer dans la clandestinité, continuant à orchestrer de loin ce qui se passait à Chambon qui resta un sanctuaire pour les persécutés.
Le 5 janvier 1971, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, au pasteur André Trocmé et à son épouse Magda, le titre de Juste parmi les Nations.