Les Justes
Année de nomination : 1999Berthe Fournier Albert
Année de nomination : 1999Date de naissance : 21/08/1907
Date de décés : //
Profession :
Département : Lot
Région : Occitanie
Lieu porteur de mémoire
L'histoire
A Salviac (Lot) en octobre 1941, une jeune veuve, Berthe Fournier loua deux pièces de sa maison Ă des rĂ©fugiĂ©s juifs de Paris, Joseph et Pauline Sirota et leur fille Elisabeth, âgĂ©e de 3 ans. A Salviac Ă©galement, mais dans le hameau dit Pech Curet, s’était Ă©tabli un an plus tĂ´t un jeune couple parisien, le plombier Pierre Leglaive et son Ă©pouse Raymonde. StimulĂ©s par le slogan du « retour Ă la terre » du MarĂ©chal PĂ©tain, ils avaient entrepris la remise Ă flot d’une exploitation agricole abandonnĂ©e. Les exilĂ©s de Paris eurent vite fait de se repĂ©rer l’un l’autre Ă Salviac et un solide lien d’amitiĂ© se dĂ©veloppa entre les familles Leglaive et Sirota. En aoĂ»t 1942, Berthe Fournier au cours d’un voyage Ă Paris rendit visite Ă la mère de sa locataire Pauline. LittĂ©ralement choquĂ©e par l’état de dĂ©tresse, de malnutrition et d’insĂ©curitĂ© de cette famille juive, elle dĂ©cida d’emmener Ă Salviac Gisèle Cahen, 14 ans, la demi-sĹ“ur de Pauline. Non sans bravoure, bien que tremblante de peur, elle franchit avec l’adolescente juive dĂ©munie de laissez-passer le contrĂ´le Ă la ligne de dĂ©marcation. Puis, en mars 1944, presque tous les Juifs encore Ă Salviac furent raflĂ©s au cours d’une opĂ©ration de police allemande. Joseph Sirota travaillait chez Alsthom, sur le chantier d’électrification de la ligne SNCF et, ce jour-lĂ , il fut Ă©pargnĂ©, ainsi que sa famille, tandis que leurs proches Ă©taient victimes de cette vague d’arrestations et de dĂ©portations. Au cours de la nuit suivante, Pierre Leglaive vint discrètement chez Berthe Fournier et amena chez lui les quatre rĂ©fugiĂ©s juifs. Raymonde, sa femme, venait de mettre au monde son troisième bĂ©bĂ© – le couple Leglaive eut 14 enfants. A Pech Curet, chacun se rendait utile, prenait sa part des travaux mĂ©nagers et des soins aux tout-petits. Elisabeth Sirota cependant fut mise en pension auprès d’une famille de la localitĂ©. Ses parents ne lui rendaient visite qu’après la tombĂ©e de la nuit. La situation dans le secteur devenait de plus en plus critique, surtout Ă partir du 6 juin 1944, lorsque les troupes SS en retraite se mirent Ă incendier les fermes et villages oĂą ils dĂ©couvraient des Juifs ou des maquisards. Aucun des Sirota ne sortait pendant le jour, et il en fut ainsi jusqu’Ă la LibĂ©ration. Quand elle Ă©voque son dramatique passage de la ligne de dĂ©marcation avec Berthe Naulin (son nom depuis son remariage), Gisèle dit : « Depuis ce jour je l’appelle « maman Betty », car comme Ă ma mère je lui dois la vie ». Quant Ă Pauline, après sa retraite et son veuvage, elle s’est Ă©tablie Ă Salviac, auprès de ses sauveurs, qui sont devenus pour elle une seconde famille.
Le 3 mai 1999, l’Institut Yad Vashem de JĂ©rusalem a dĂ©cernĂ© Ă Berthe Fournier (Naulin) et Ă Pierre et Raymonde Leglaive le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
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