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Au lendemain  de la Journée internationale du Souvenir de la Shoah du 27 janvier, la mairie de Paris a organisé une très belle cérémonie, le 28 janvier 2016, pour marquer son entrée dans le Réseau des « Villes et villages des Justes parmi les Nations de France » initié en 2010 par le Comité Français pour Yad Vashem.  Avec 354 Justes parisiens reconnus à ce jour, Paris a rejoint  les 83 communes qui font partie de ce réseau et qui ont  créé un lieu public (rue, square, place ou jardin) à la mémoire des Justes .

 

 

Pour Anne Hidalgo, Maire de Paris, cette adhésion allait de soi. Dans son discours, elle a tout d’abord évoqué Simone Veil, «une lumière qui nous guide», puis a expliqué avec quelle détermination, elle et son adjointe Catherine Vieu-Charier, ont porté ce projet, car Paris est pour toujours lié à la présence et à la culture des Juifs. « Leur histoire tragique nous oblige, mais je ne la porte pas comme un fardeau ; elle doit nous amener en permanence à nous dépasser, à comprendre qu’il faut lutter contre l’antisémitisme ». L’action de Serge et Beate Klarsfeld ayant permis d’identifier les victimes du nazisme de France, la mairie de Paris a pu faire poser des plaques comportant les noms des enfants dans les écoles où ils étaient scolarisés avant leur arrestation. Et le maire du 3ème arrondissement, Pierre Aidenbaum, a œuvré pour que l’on n’oublie pas les bébés, trop jeunes pour aller à l’école, pourtant raflés comme leurs ainés, et dont les noms figurent désormais sur des stèles dans des jardins publics de plusieurs arrondissements. Elle a souligné l’importance des réseaux de villes, car, «par les écoles, nous pouvons engager des programmes pour faire en sorte que cette mémoire collective, et les valeurs les plus essentielles de l’humanité montrées par les Justes, soient transmise aux enfants ».

Dans son allocution, Pierre-François Veil,  Président du Comité Français pour Yad Vashem, a souligné l’importance du travail de mémoire, d’éducation et de reconnaissance des Justes réalisé par Yad Vashem « comme autant de victoires sur les nazis qui voulaient tout anéantir ». Il a rappelé que, dans son discours du 16 juillet 1995 au Vel d’Hiv, a réconcilié la France avec son passé, et a rendu hommage à tous les Justes, reconnus ou anonymes, «l’âme et l’honneur de notre pays», qui ont contribué à sauver au péril de leur vie les trois-quarts des Juifs de France.

Après avoir présenté les missions de Yad Vashem et la tâche du Comité français, il a remercié les nombreux bénévoles pour leur travail essentiel au sein du Comité et a rendu hommage à Paul Schaffer, Président d’Honneur, qui était présent.

Un document officialisant l’adhésion de la ville de Paris au Réseau Villes et Villages des Justes de France a été signé successivement par Thierry Vinçon, maire de Saint-Amand-Montrond et Président du Réseau, Pierre-François Veil, Président du Comité Français et Anne Hidalgo, maire de Paris.

Un programme historique et artistique a alors débuté par une intervention de l’historienne Annette Wieworka, qui a montré la diversité des origines sociales et culturelles des Justes, et fait remarquer que la majorité d’entre eux étaient membres d’un groupe organisé, soit une institution religieuse, un parti politique ou un mouvement de résistance, car «le sauvetage est une affaire de morale individuelle, mais aussi d’organisation».

Sarah Gensburger, sociologue, a souligné  que la notion de « Juste » en France n’a pris de résonance qu’après 1985 ; à cette date, 310 Justes avaient été reconnus en France alors qu’on en compte 3925 au 1er janvier 2016 et plus de 26 000 dans le monde. C’est  à partir des années quatre-vingt que les cérémonies de remises de médailles qui se déroulaient jusque-là exclusivement à Jérusalem, ont pu avoir lieu sur le territoire français. En 1989, Paris, avec à sa tête Jacques Chirac fut la première mairie à accueillir une telle cérémonie. Actuellement, le Comité Français les organise en liaison avec l’ambassade d’Israël et les autorités locales, régionales ou nationales.

Après une minute de silence consacrée aux Justes de Paris, une jeune violoniste virtuose israélienne de 12 ans, Shani Lévy, accompagnée au piano par sa mère, fit une émouvante interprétation de la musique du film « La liste de Schindler », tandis que défilaient sur écran, les noms des Justes parisiens.

La soirée s’acheva par des extraits de la pièce de théâtre « Cabaret Terezin ».

Plus de 600 personnes, dont de nombreuses familles de Justes et de personnes sauvées, prirent part à cet évènement, ainsi que de nombreux élus des arrondissements de Paris. Cette mémorable soirée témoigne de la place que Paris tient à prendre au sein du « Réseau Villes et Villages des Justes parmi les Nations de France ».