Elisabeth ROUBINET
Marie-Jeanne et Jehan Dienne résidaient à Paris avec leur fille Janine. Elle était employée de banque et, sous l’Occcupation, continua à habiter Paris, tandis que Jehan, patron de la «Scierie des pénitents», gérait son entreprise dans un village des Alpes de Jaute-Provence, Les Mées. Leur fille partit vivre chez sa grand-mère, Elisabeth Roubinet, à Saint-Raphaël (Dordogne). Aux Mées, Jéhan fit la connaissance en été 1943 de Jacques Gattegno dans le restaurant où ils prenaient leurs repas. Jacques lui exposa ses difficultés. Lui et sa femme étaient juifs étrangers, originaires de Salonique. En 1941, le couple et leurs deux fillettes, Evelyne, 15 ans, et Huguette, 11 ans, réfugiés en zone sud, avaient été assignés à résidence à Millau (Aveyron), mais placèrent les fillettes en pensionnat. En février 1943, Jacques avait été interné à Gurs et, trois mois plus tard, incorporé dans un camp de travailleurs étrangers situé aux Mées. Il reçut l’autorisation de loger en ville à condition de trouver un emploi et de ne pas s’évader. Il cherchait donc un emploi pour justifier une semi-liberté. Jéhan lui offrit immédiatement un poste de comptable dans son entreprise, emploi qui permit à sa famille de venir se joindre à lui. Les Gattegno vécurent ainsi sans trop de difficultés jusqu’à l’invasion allemande de la zone italienne, date à laquelle leur situation devint très précaire. Jéhan proposa alors de mettre les deux fillettes à l’abri chez sa belle-mère, Elisabeth Roubinet. Il les y convoya lui-même, prenant de gros risques à accompagner deux jeunes juives sans sauf-conduit. Elisabeth qui n’avait pas été prévenue, cachait déjà un jeune juif, M. Bitton. Mais elle accueillit les deux fillettes avec chaleur et les protégea pendant un an, jusqu’à la Libération. En avril 1944, les Allemands encerclèrent le village à la recherche de Juifs. Elle leur tint tête leur affirmant que les deux fillettes étaient bien françaises. De leur côté, les parents regagnèrent Paris où Marie-Jeanne Dienne les hébergea jusqu’à la Libération. Elle travaillait toute la journée et faisait passer la mère pour une amie réfugiée alors que son mari resta séquestré dans l’appartement pendant six mois.
Le 15 mai 2005, Yad Vashem a décerné à Elisabeth Roubinet ainsi qu’à Marie-Jeanne et Jéhan Yves Dienne le titre de Juste parmi les Nations.
Le témoignage
Originaires de Salonique, Jacques Gattégno et son épouse Léonor se sont mariés et installés à Paris où ils sont chapeliers. Ils ont deux filles, Rachel -Evelyne et Huguette. En 1940, les lois raciales de Vichy imposent un administrateur à leur entreprise, qui cesse toute activité. En août 1941, la famille Gattégno prend le risque de franchir la ligne de démarcation avec l’aide de passeurs. Ils se retrouvent à Millau en Aveyron. Les parents, étrangers, sont assignés à résidence tandis que leurs filles sont pensionnaires au collège de Millau. Le 20 février 1943, des gendarmes français viennent arrêter Jacques Gattégno pour l’interner à Gurs. Trois mois après il est envoyé dans un camp de travailleurs étrangers dans les Basses-Alpes. Il y fait la connaissance de Jéhan-Yves Dienne, avec qui il sympathise. Il est patron d’une scierie et il engage Jacques Gattégno comme comptable. Ce travail en dehors du camp lui permet de s’échapper en cas de menace de déportation. Sa femme et ses filles viennent le rejoindre en juin 1943. Septembre 1943, la zone sud est envahie par les Allemands, la famille Gattégno, aidée par Jéhan-Yves Dienne, se réfugie chez Mme Roubinet en Dordogne. Elle est la belle-mère de M. Dienne. Grace à son courage, et au péril de sa vie, elle sauva la famille Gattégno ainsi qu’un autre enfant juif réfugié chez elle.
Documents annexes
Témoignage Caroline MOREL 15 mars 2014 11:16:19 | |
Invitation cérémonie Roubinet 15 mars 2014 11:15:25 |