Abraham Joseph Woloch, d’origine polonaise, et Rosa Sontag, née en Roumanie, habitaient rue Caffarelli dans le 3e arrondissement de Paris. Ils étaient commerçants.
Leur fille Madeleine naît en 1933.
En juin 1939, Madeleine part chez sa grand-mère à Stanesti-de-Jos en Bucovine, une province roumaine. Mais conséquence du pacte Germano-Soviétique, les frontières roumaines sont alors fermées et Madeleine ne peut revenir en France.
Dès l’entrée des troupes allemandes en Roumanie, des massacres de masse visent les juifs et son oncle, présent à Stanesti, est assassiné.
Survivent Madeleine, sa grand-mère, et sa tante avec son enfant âgé d’un an.
Après un passage par Czenovitz, capitale de la Bucovine, tous sont déportés en Transnistrie, à l’est du Dniepr. Ils sont pourchassés de camps en camps, dans ce que les autorités roumaines ont appelé des « migrations forcées » : sans manger, sans boire, sans savoir où ils seront quelques heures plus tard.
Après des jours de marche, ils seront affectés au camp de Cernivitsi. La grand-mère décède de tuberculose et de chagrin, l’assassinat de son gendre l’a minée.
Mais Madeleine, née à Paris est Française; elle a un passeport français.
En 1942, avec l’aide du Consul de France à Galatz, Monsieur Gabriel Richard, Madeleine est retirée du camp et rapatriée à la Légation française à Galatz.
Son état de santé est précaire et le typhus se déclare.
Elle est hospitalisée à l’hôpital tenu par les Sœurs de Saint Vincent de Paul. Mère Ardoin, Sœur supérieure de la Communauté, la soigne, la choie, lui donne mille preuves d’affection et tente de lui faire oublier le cauchemar vécu.
Le départ de Mère Ardoin, rappelée en France, sera ressenti par Madeleine comme une trahison, un abandon qu’elle n’était pas prête de lui pardonner.
Madeleine rejoint, avec le reste de la communauté, Bucarest et se retrouve chez les Sœurs de Notre Dame de Sion sous un parfait anonymat, mais la peur d’être dénoncée est quotidienne.
Elle ne rejoindra ses parents en France, qu’en 1946.
Les retrouvailles sont douloureuses. Trop d’épreuves ont bouleversé les uns et les autres. Tout un parcours à refaire, même le français à réapprendre.
Après une scolarité difficile, la réadaptation à la vie familiale achevée, Madeleine s’oriente vers des études de médecine ; profession qu’elle exercera pendant 27 ans.
Elle entreprend un DEA d’Histoire à la Sorbonne pour mieux connaître son passé.
Madeleine épouse Kahn n’a pas oublié Mère Ardoin qui a su lui apporter réconfort et sérénité à la sortie de l’enfer des camps.
Le 3 mai 2009, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Sœur Anne-Marie Cécile ARDOIN.
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