Monsieur et Madame TULOUP
André Wal, né en 1902, agent de commerce, son épouse Paule née Worms et les parents d’André, Samuel Wal, négociant, et son épouse, habitaient avant la guerre à Gray (Haute-Saône).
En juin 1940, ils se réfugient à Saint-Gérand-le-Puy et logent chez une demoiselle Barnérat.
Georges Lévy, né en 1902, et son épouse Denise, née Worms le 14 septembre 1907 àDelme (Moselle), habitaient à Benfeld (Alsace) trouve également refuge à Saint-Gérand-le-Puy avec Louise Worms, la mère de Paule et de Densie, née Blum, le 10 novembre 1881, originaire d’Obernai.
Le recensement des Juifs est fait à Saint-Gérand-le-Puy en juillet 1941. Il y a 37 Juifs dont 12 personnes âgées, 14 adultes et 11 enfants entre 1 et 14 ans.1
Le 6 juillet 1941, une lettre anonyme envoyée de Saint-Gérand-le-Puy, arrive chez le préfet de l’Allier : « Monsieur le Préfet
Je suis allé au Ministère de l’Intérieur à Vichy pour signaler un fait absolument anormal et on m’a dit de m’adresser à vous pour avoir une solution. Voici ce dont il s’agit :
nous possédons, en ce moment, à Saint-Gérand-le-Puy, une colonie juive qui se compose actuellement de 50 à 60 personnes et dont le nombre s’accroit continuellement. Un grand nombre de ces gens sont installés ici depuis le début des hostilités. Tous sont logés dans des maisons particulières ou dans des logements relativement confortables dont le loyer annuel ressort entre 6000 et 9000 f par an. Un grand nombre est arrivé en automobile. Aucun d’eux ne se livre à un travail lucratif, si ce ….n’est le ramassage des œufs, beurre,volailles et tous produits alimentaires. Tous vivent très largement et font parade d’une situation des plus aisées. Néanmoins, on est assez naïf, pour ne pas dire plus, pour leur donner l’allocation due aux réfugiés, ce qui constitue un véritable scandale. Dans ces conditions je viens vous demander, Monsieur le Préfet, en ma qualité de contribuable de vouloir bien mettre un terme à ce dévergondage financier que rien ne justifie.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, mes respectueuses salutations.
P.S. Malgré les instructions ministérielles il n’y a eu aucun Contribuable à recensement de fait jusqu’ici – Saint-Gérand-le-Puy.
J’oubliais de vous faire savoir que tous ces juifs sont des fervents gaullistes et font une propagande très active contre le gouvernement Pétain.«
Le 15 octobre 1943, André Wal et Georges Lévy sont arrêtés à Magnet alors qu’ils protégeaient la voie ferrée. Paule Wal et sa belle-mère, Mme Wal, sont également arrêtées ce même jour à Saint-Gérand-le-Puy.
La petite Josette, âgée de 8 ans, assiste à la scène alors qu’elle est dans le jardin avec son grand-père, Samuel Wal, qui se trouvait à l’arrière de la maison. Sa grand-mère eut juste le temps de les prévenir par une fenêtre donnant sur l’arrière de la maison de l’arrivée d’un camion rempli d’Allemands venus les arrêter. La petite sœur de Josette, Michèle, âgée de 5 ans, se trouvait chez sa tante Denise qui habitait à l’autre bout du village eut la chance d’échapper à son arrestation.
Josette et son grand-père, Samuel Wal, sautent alors de grillage en grillage jusqu’à ce qu’une porte bienveillante s’ouvre et qu’une famille veuille bien les héberger. Madame Charbonnier, une voisine, les cache dans les vignes pour la nuit.
Denise Lévy et Samuel Wal vont ensuite mettre les deux fillettes à l’abri chez Philibert et Marie-Louise Tuloup qui habitent avec leurs filles Colette et Marinette à la ferme « Le Grand Domaine » non loin du Château de Saint-Allyre.
Denise part dans la région lyonnaise en quête d’un emploi « pour subvenir à ses besoins propres et ceux de sa mère malade » Louise Worms.
Samuel Wal, né le 25 janvier 1878, est décédé « de maladie et de chagrin », selon Josette, le 5 mai 1944 à Saint-Gérand-le-Puy.
Denise est arrêtée à Lyon le 1er août 1944 en compagnie d’une amie et de la cousine de celle-ci. Elles se rendaient dans un immeuble pour voir quelqu’un dont le seul tort était d’habiter dans un immeuble surveillé par la Milice, car il s’y trouvait un bureau du réseau Alliance. Elles sont internées au Fort de Montluc. Denise est dans la cellule 5. Alors que l’ordre a été donné d’exécuter tous les détenus ceux-ci sont libérés grâce à un stratagème de deux résistants le 24 août 1944 au soir. Denise et les autres femmes trouvent refuge chez les sœurs franciscaines.
Josette et Michèle vont rester chez Philibert et Marie-Louise Tuloup jusqu’à fin août 1944 jusqu’à ce que leur tante, Denise Lévy, vienne les récupérer après avoir elle-même été libérée de la prison Montluc à Lyon.
Elles rentreront vivre à Benfeld (Alsace).
Le 24 novembre 2010, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Philibert Tuloup et à son épouse Madame Marie-Louise Tuloup.
Documents annexes
Invitation cérémonie Tuloup 19 janvier 2014 11:35:50 |