Les frères JABKO sont nés à  Paris, de parents juifs polonais qui avaient choisi d’émigrer en  France pour fuir les persécutions raciales … Michel allait avoir 7 ans et Henri n’avait que dix-huit mois, quand en mars 1942,  la famille fut invitée à  une noce. Michel  se souvient des policiers qui firent irruption pendant le repas de fête. Devançant les  rafles de juillet, un antisémitisme machiavélique venait de s’abattre symboliquement sur une fête de mariage, déchirant  les familles, les obligeant à choisir elles-mêmes celui des deux parents qui serait arrêté.  Pour la famille Jabko, comme souvent, c’est le père qui se désigna. Il fut déporté et assassiné à Auschwitz en août 1942, laissant derrière lui sa femme et ses deux petits.

Aujourd’hui, bien des années plus tard Michel JABKO retrouve sur ce passé lointain son regard d’enfant : une visite à son père à la préfecture, quelques flashes de la rafle du Vel’d’hiv , un voyage en train avec son petit frère sous la  conduite d’un inconnu, une étape à Eybens et la  joie d’y retrouver brièvement sa mère,  une seconde séparation, un voyage à vélo, lui sur le porte-bagages d’une adjointe au maire de Romans, son petit frère sur celui d’un étudiant en médecine.

Finalement l’arrivée chez Mademoiselle Louise LONGUEVILLE, à  Papelissier petit hameau de la commune de Chatuzange-le-Goubet, près de Romans dans la Drôme.  « Cette dame me paraissait très vieille, dit-il dans le témoignage qu’il a adressé à Yad Vashem. Peut-être avait-elle la cinquantaine ? Elle habitait une grande maison dont elle occupait  le rez-de-chaussée. Mon petit frère et moi dormions au premier étage à côté d’une pièce où les enfants du village venaient suivre le catéchisme. »

Mademoiselle LONGUEVILLE faisait sans doute partie de ces femmes que l’hécatombe de la guerre de 14 laissa célibataire et sans descendance. Respectée et forte du soutien de tout le village, de l’aide au quotidien de son amie et voisine Marie Alloncle, elle fut une « marraine » pour ces deux enfants, leur donnant ce qu’elle aurait donné à ceux qu’elle n’avait pas eus, les envoyant même à la messe pour donner le change, mais résistant au curé qui proposait de les baptiser.

A l’automne 1944, Michel repartit pour Paris retrouver sa mère. Henri qui n’avait pas encore quatre ans resta une année de plus à Papelissier.

Pour Louise LONGUEVILLE leur départ fut certainement un arrachement, mais atténué par l’amitié et le respect dont elle jouissait dans le village, les nouvelles qu’elle recevait de la mère des enfants et leurs visites pendant les vacances.

Conscients de ce qu’ils lui doivent, Michel et Henri JABKO l’ont fait reconnaître JUSTE PARMI LES NATIONS par YAD VASHEM . Au-delà de leur propre existence, le nom de leur bienfaitrice restera gravé sur le MUR DES JUSTES DE JERUSALEM et sur celui du MEMORIAL de PARIS.

Le 30 mars 2011, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Madame Louise Longueville.

Documents annexes

Magazine d'informationMagazine d'information
22 avril 2018 07:59:36
Invitation cérémonieInvitation cérémonie
27 janvier 2017 07:20:01