Depuis le début des années trente, Paul Gruffat, un gendarme, vivait avec Geneviève son épouse à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) sur la rive du lac de Genève. Dans le cadre de ses fonctions, il avait accès aux cachets et aux formulaires officiels et recevait des informations confidentielles. Durant l’Occupation, il put ainsi venir en aide à diverses catégories de personnes, notamment des Alsaciens-Lorrains qui cherchaient à éviter la conscription dans l’armée allemande, des combattants de la Résistance et des Juifs n’ayant pas la nationalité française. Paul Gruffat avertissait les résistants quand des opérations contre eux se préparaient et leur fournissait de faux papiers « authentiques » qu’il avait lui même confectionnés. Tard dans la nuit, le gendarme prenait sa bicyclette pour aller prévenir des Juifs dont le nom figurait sur la liste des gens à arrêter. Il agissait seul, ne voulant partager le risque avec personne. C’est ainsi qu’un soir, vers la fin de 1942, il vint avertir Robert Weyl de partir immédiatement. Il lui avait trouvé un abri pour quelques jours dans une villa inhabitée des environs. Par la suite il lui envoya une fausse carte d’identité grâce à laquelle Robert Weyl put quitter la ville. C’est à deux heures du matin que Paul Gruffat arriva chez les Gelber, des Juifs polonais installés à Thonon depuis 1932, pour les prévenir qu’ils devaient être arrêtés et déportés le matin même. Les Gelber s’enfuirent aussitôt pour se cacher à l’hôpital municipal. Le lendemain, munis de faux papiers, ils partirent pour Passy en Haute-Savoie où une cachette leur avait été trouvée dans un sanatorium. Vers la fin de 1943, Paul Gruffat se rendit chez les Gambache, leur recommandant de filer sans tarder. Pour aider les parents, sa femme et lui prirent chez lui leurs deux enfants, Elda, dix ans, et son petit frère, puis les hébergèrent dans la pension de famille tenue par Geneviève. Ils y vécurent pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que leurs parents viennent les chercher pour les conduire dans le Cantal où ils avaient trouvé refuge. Paul Gruffat fut dénoncé. Arrêté, il passa en jugement mais fut acquitté par un tribunal de Chambéry. A sa sortie du palais de justice, il fut arrêté à nouveau, cette fois, par la Gestapo. Déporté à Buchenwald en mars 1944, il en revint, brisé et malade, en mai 1945, et mourut peu après.
Le 12 avril 1994, Yad Vashem a décerné à Paul et Geneviève Gruffat le titre de Juste parmi les Nations.
Exposition: Désobéir pour sauver
Documents annexes
Article de presse – Le messager du 14/10/1994 27 juin 2015 09:32:42 | |
La clairière des Justes 27 juin 2015 09:31:53 | |
Invitation cérémonie 27 juin 2015 09:24:54 | |
Article de presse 27 juin 2015 09:24:09 | |
Article de presse – Le Dauphiné Libéré du 07/10/1994 27 juin 2015 09:23:12 | |
Article de presse – Le Dauphiné Libéré du 04/10/1994 27 juin 2015 09:22:00 |