Edouard et Judith Picot vivaient au hameau de Chapignac, à près d’un kilomètre de la commune d’Intres (Ardèche); leur maison était inaccessible par la route. En février 1944, ils cachèrent chez eux les Sicard et leur fils Jacques, étudiant en archéologie, que leur avait adressé M. Estoppey, le pasteur d’Intres. « M. Sicard » était en réalité Isaïe Schwartz, grand-rabbin de France. A Vichy au début de l’Occupation, il s’était par la suite réfugié à Lyon, où il continua à exercer ses fonctions avec le plus grand courage. Mais, apprenant en janvier 1944 que la milice s’apprêtait à l’arrêter, il fut contraint de « disparaître » sur le champ. Il sacrifia sa barbe vénérable trop facilement reconnaissable, adopta le nom de Sicard et arriva, avec sa femme et son fils, chez le pasteur d’Intres, qui les conduisit chez les Picot où ils vécurent jusqu’à la Libération. Aucun des habitants du village ne fit le moindre commentaire sur les hôtes des Picot, bien que « M. Sicard » se rendit régulièrement chez le pasteur. Cette conspiration du silence allait de soi dans ce village où la population, en majorité protestante, descendait des Camisards, persécutés au XVIIIème siècle par le pouvoir catholique. Ils s’identifiaient avec les Juifs persécutés et savaient comment les protéger efficacement. Après la Libération, le grand-rabbin Schwartz rentra à Paris avec sa famille. Il continua à correspondre avec les Picot et les invita à lui rendre visite au Grand rabbinat.
Le 20 juin 1998, l’institu Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Edouard et Judith Picot le titre de Juste parmi les Nations.
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