Les parents d’un Vouvrillon Justes parmi les Nations

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Les parents d’un Vouvrillon Justes parmi les Nations

Du 10/11/2015

 

 

 

 

Un habitant de Vouvray assistera le 3 décembre, à La Haye, à la cérémonie pendant laquelle ses parents seront faits Justes parmi les Nations.

Anneke et Coen Van Tijen, en 1981 lors de la cérémonie des 70 ans du prince Bernard. – (Photo SD)

 C’est une belle histoire que raconte Coenrad Van Tijen, citoyen hollandais qui vit à Vouvray depuis 28 ans. Une belle histoire de résistance et d’amitié. « Je suis un peu gêné, se défend Coenrad, je n’ai pas compris tout de suite la portée de cette distinction… » Le 3 décembre en effet, ses parents, Coen et Anneke Van Tijen, seront faits « Justes parmi les Nations » lors d’une cérémonie à l’ambassade d’Israël à La Haye, et leur nom figurera au mémorial Yad Vashem.

S’il n’a compris qu’aujourd’hui ce que cela représentait, c’est parce qu’il lui est toujours paru naturel que ses parents aient caché Sylvain et Lisa Buzaglo-Joachimstal pendant trois ans et demi.

Sylvain et Lisa Buzglo-Joachimstal lors de leur mariage en août 1937. – (Photo SD)

«  Encore plus fier de mes parents  »

En 1942, le grand-père de Coenrad, qui était médecin à Amsterdam, avait comme patient ce couple de juifs. Et la situation commençait à devenir dangereuse pour eux. Le grand-père a donc demandé à son fils d’héberger Sylvain et Lisa, dans sa maison à Ede (Pays-Bas).  

« Mon père avait aménagé la maison pour qu’ils puissent fuir depuis ma chambre s’il y avait un danger », raconte Coenrad. « Mais de tout cela, je n’ai aucun souvenir. J’ai quelques flashs de bruits de bottes mêlés à des chants allemands. Je n’ai pas souvenir non plus des activités de mon père. »

Car Coen, militaire de métier, était devenu un grand résistant dont le courage fut récompensé par de nombreuses distinctions après la guerre.
« En 1943, quand on a obligé tous les officiers à se rendre, il a refusé et a dû lui aussi se cacher… Mais j’ai appris cela plus tard : mon père n’en parlait jamais, sans doute par modestie. » Mais pendant ce temps-là, Sylvain et Lisa, munis de faux papiers, ont pu continuer à occuper la maison familiale. Et Sylvain a pu lui aussi s’engager dans la résistance.
Quand la guerre s’est achevée en 1945, les deux couples, qui avaient repris une vie normale, sont devenus amis.

« Je me souviens que Sylvain et Lisa ne loupaient pas une Saint-Nicolas, le Noël de chez nous. Ils venaient avec les bras chargés de cadeaux et de friandises : pour nous, les enfants, c’était la fête ! »

Et quand Sylvain et Lisa ont eu une fille, ils l’ont appelée Anneke, en hommage à la mère de Coenrad. C’est d’ailleurs cette Anneke qui a fait les démarches pour que Coen et Anneke, disparus respectivement en 1997 et 1992, soient faits Justes parmi les Nations.
Coenrad en est aujourd’hui très honoré : « Mon père m’a légué la détestation de l’injustice. J’étais déjà très fier de mes parents : aujourd’hui, je le suis encore plus… »

François Bluteau