Isère : le marquis et la marquise de Virieu, désormais, « Justes parmi les Nations »

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Dossier n°

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Isère : le marquis et la marquise de Virieu, désormais, « Justes parmi les Nations »

Du 15/07/2016

 

 

 

 

 

 

 

La Marquise Marie-Françoise de Virieu et le Marquis Xavier de Virieu devant leur château. – Archives Famille de Virieu

Ce 17 juillet, le Château de Virieu accueillera une cérémonie sans doute riche en émotions : Xavier de Virieu et son épouse Marie-Françoise de Virieu recevront à titre posthume la médaille des « Justes parmi les Nations ». Certains Juifs qu’ils ont sauvés feront le déplacement depuis les USA.

A la fin 1942 et en 1943, pendant 6 mois environ, dans leur château de Virieu, le Marquis et la Marquise du même nom ont caché 2 mamans juives et leurs enfants. Les familles Schanzer et Ein venaient de Pologne, un pays qu’elles ont fui, persécutées, traquées comme de nombreux Juifs par l’Allemagne nazie, qui avait entamé son plan d’extermination. Les deux pères de famille avaient d’ailleurs été envoyés dans des camps, où ils mourront.

« Protéger des gens menacés de mort, c’était tout à fait normal pour eux »

73 ans après, c’est à titre posthume que le Marquis Xavier de Virieu (décédé en 1953) et son épouse Marie-Françoise (décédée en 2004) recevront le médaille des Justes parmi les Nations pour avoir sauvé la vie de ces deux familles. Leurs enfants, qui sont encore en vie, Isabelle, Wilfried et Antoine, seront présents. Pour Antoine, 10 ans à l’époque, « c’est un grand honneur de voir les parents reconnus comme Justes. Mais, mes parents auraient trouvé ça inutile. Protéger des gens? menacés de mort, c’était tout à fait normal pour eux ».

Ancien officier, le Marquis, qui avait été fait prisonnier, revient en Isère fin 1940 en raison de son état de santé. Avec son épouse, ils acceptent de cacher au château des armes de l’armée secrète, des armes qui serviront ensuite à la Résistance. Ils accueillent aussi des Résistants, des Juifs. Comme les familles Ein et Schanzer donc. Dénoncée à l’été 1943, la famille de Virieu n’a pas d’autres choix que de quitter le château. Les familles juives feront de même, aidées par les Soeurs de Notre-Dame-de-Sion. La famille de Virieu se réfugie alors dans l’Ain, puis dans le Vercors, sur la commune de Chichilianne. La famille reviendra au château à la fin de la guerre.

Des nouvelles seulement en 2014

A ce moment-là, plus de nouvelle des familles Ein et Schanzer et ce n’est seulement qu’en 2014 que leurs enfants en sauront plus. Bernard Schanzer, l’un des enfants, écrit une lettre au château. Comme les autres rescapés, il vit aux Etats-Unis et regrette de ne pas s’être manifesté plus tôt. Il se tourne alors vers le Mémorial Yad Vashem, qui remet, au nom de l’Etat d’Israël, le titre de Justes parmi les Nations aux personnes qui par leurs actions ont sauvé la vie de Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Seuls les rescapés peuvent faire la démarche.

Et ce dimanche, pour la première fois, 73 ans après cette année 1943, Antoine de Virieu va retrouver certains des enfants, protégés par ses parents et avec qui il jouait. « Des enfants très réservés, marqués par leurs pérégrinations » selon ses mots. Il dit aussi se souvenir des deux mamans qu’il devait appeler Estelle et Berthe et non Esther et Bella. Pour lui, cette rencontre sera importante car il faut préciser certains aspects. Les détails varient en fonction des témoignages. Le fait d’échanger permettra alors d’être au plus près de la vérité historique. Essentiel pour parler de cette histoire dans l’Histoire et ne pas oublier l’action de ses parents.

Céline Loizeau