Rostrenen – Elles ont sauvé les jumelles Rozenbaum du nazisme

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Dossier n°

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Rostrenen – Elles ont sauvé les jumelles Rozenbaum du nazisme

Du 17/01/2016

 

 

 

 

Les jumelles Rozenbaum ont été cachées à Rostrenen de 1943 à 1945. | Ouest-France

À Rostrenen, Francine Jégou-Girot et Césarine Le Floch-Rosemberg vont recevoir ce dimanche, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les Nations.

Francine Jégou-Girot et Césarine Le Floch-Rosemberg vont être décorées ce dimanche, à Rostrenen, de la médaille des Justes à titre posthume. Ce titre est la plus haute distinction civile décernée par Israël à des non-juifs. Il récompense ces Rostrenoises qui ont risqué leurs vies durant l’Occupation, pour sauver Liliane et Fryda Rozenbaum, deux jeunes sœurs juives.

Voyage en train à risques

L’histoire démarre à Rostrenen en 1941. Les deux femmes sont voisines, après que le couple Rosemberg a fui les persécutions nazies à Paris.

Toutes deux ont connu la douleur de perdre leurs époux : Julien Rosemberg, juif d’origine polonaise, est déporté à Auschwitz en février 1943, Auguste Girot, résistant, meurt au camp allemand de Mauthausen en 1944.

Césarine, de retour à Paris pour affaires en novembre 1943, découvre l’existence des jumelles. La concierge de son immeuble, qui les cachait jusqu’alors, lui confie Liliane et Fryda, âgées de 3 ans. Leur père est décédé, leur mère et leurs frères aînés, dont elles sont séparées, sont réfugiés.

Elle décide de les emmener avec elle en train jusqu’à Rostrenen, malgré le risque d’être contrôlées et arrêtées. « Ma soeur et moi parlions uniquement yiddish. Césarine a pris beaucoup de risques, car c’est difficile de faire taire deux enfants de notre âge », nous avoue Liliane, qui vit aujourd’hui en Vendée, alors que sa soeur est décédée en 1995.

Césarine, qui héberge déjà ses deux neveux fuyant les conflits, accueille chez elle Fryda. Liliane est recueillie par Francine, qui tient un bar-tabac.

Les jumelles « Roze »

Césarine et Francine vont dès lors, avec l’aide de personnes de confiance, cacher et protéger les jumelles jusqu’à la Libération. « Les petites étaient placées à tour de rôle chez les gens pour ne pas être repérées, se remémore Paul Thomas, neveu de Césarine. Elles étaient inscrites à l’école sous le nom de Roze, car Rozenbaum s’avérait trop risqué ». À la Libération, elles défilent avec leurs camarades de l’école de Rostrenen. Leur frère aîné Abe vient ensuite les récupérer pour les ramener à Paris. Elles ont alors cinq ans.

Rostrenen n’a plus eu de nouvelles des jumelles avant 2012. Liliane Rozenbaum, épouse Kousmierski, n’a pas oublié Césarine, qu’elle appelait à l’époque « Maman Suzanne », et réussit à entrer en contact avec Paul Thomas. « Je suis allée sur un site Internet d’anciens combattants, pour demander si quelqu’un connaissait « Suzanne Rosemberg ». C‘est comme ça qu’il m’a retrouvée », explique Liliane.

Ces retrouvailles vont permettre à Francine et Césarine d’être distinguées, plus de 70 ans après les faits, lors d’une cérémonie en leur honneur. Leurs noms sont d’ores et déjà inscrits sur le mur d’honneur du Jardin des « Justes parmi les Nations » de Yad Vashem, à Jérusalem. Paul Thomas et Marcelle Bourse-Girot, fille de Francine qui a connu les jumelles, les représenteront à cette occasion.