Carcassonne La médaille des « Justes » pour avoir caché des Juifs en 1941
Entre 1941 et 1945, en effet, Achille et Alphonsine Henry, à Carcassonne, et Louis et Hélène Guilhem, à Alzonne, ont protégé les Karger, des Juifs polonais menacés de déportation par le régime nazi.
« Le devoir de désobéir quand on pense que la loi n’est pas bonne »
La cérémonie réunissait les descendants des deux familles au côté de Jean Karger, âgé d’un an et demi en 1941, et à l’origine des démarches pour faire reconnaître le geste courageux des Henry et des Guilhem.
Plusieurs élus du canton, le préfet de l’Aude, les représentants régionaux du comité Yad Vashem – qui attribue cette décoration – ainsi que le consul général d’Israël en France, étaient présents. Le maire d’Alzonne, Jean-Marie Salles, évoquait « le devoir de désobéissance quand on pense que la loi n’est pas bonne ». Régis Banquet, conseiller général du canton d’Alzonne, rendait hommage « à la témérité, à l’implication » des familles Henry et Guilhem.
Le préfet Eric Freysselinard rappelait, quant à lui, que son arrière-grand-père, le président de la République Albert Lebrun, avait, à cette époque « bloqué un premier statut des Juifs à Bordeaux ». Enfin, Edith Moskovic, déléguée régionale du comité Yad Vashem, elle-même enfant cachée pendant la guerre, lisait des extraits du témoignage de Denise Rastouil, la fille de M. et Mme Guilhem, alors adolescente.
On y apprenait comment Jean Karger, bébé, avait été conduit jusque chez ses protecteurs, à Alzonne, « enveloppé dans un sac ». « C’était un enfant chétif, qui avait toujours froid. Ma grand-mère le prenait dans son lit pour le réchauffer ». Les Guilhem allaient devenir sa seconde famille.
Hier, Denise Rastouil et Robert Henry ont reçu la médaille des « Justes » au nom de leurs parents, aujourd’hui disparus. Jean Karger leur a renouvelé ses remerciements, pour lui et les siens, la voix brisée par l’émotion.
« Ils ont sauvé la dignité du genre humain »
C’est en des termes très forts que le consul général d’Israël à Marseille, Barnéa Hassid, qui s’était déplacé hier à Alzonne, a exprimé sa gratitude aux deux familles de « Justes ». « Ils ont sauvé la dignité du genre humain, a déclaré le diplomate avant de remettre les deux médailles accompagnées d’un diplôme. Leurs actes doivent rester un modèle d’éducation ».
Des actes accomplis avec « courage, modestie et sens du devoir », a-t-il souligné. M. Hassid a en outre assuré les Guilhem et les Henry de « la gratitude du peuple juif et de l’Etat d’Israël. Nous leur sommes infiniment reconnaissants. Leurs noms entrent désormais dans l’histoire ».
La médaille des « Justes parmi les nations » est la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël.
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« Non juifs vertueux »
« En hébreu, l’expression « Justes parmi les nations » désigne les non Juifs vertueux », a rappelé hier Michaël Lancu, l’un des délégués du comité Yad Vashem en Languedoc-Roussillon. On compte à ce jour, près de 3 700 « Justes » médaillés en France, dont les noms sont gravés sur le mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. Jean Karger compte d’ailleurs demander à l’un de ses cousins, installé en Israël, de photographier les noms des Guilhem et des Henry lorsqu’ils figureront sur le monument, afin de garder un souvenir de cette reconnaissance officielle.
source: http://www.lindependant.fr/2012/11/06/la-medaille-des-justes-pour-avoir-cache-des-juifs-en-1941,177369.php#Séquence_1 du 06/1/2012
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