Deux héros très discrets reçus parmi les Justes
Joseph Bernard a fait passer la ligne de démarcation à la famille Guez, en 1941.
Si sa famille savait que l’ancien facteur de Saint-Julien-l’Ars avait acheminé des messages pour la Résistance, bien cachés dans le cadre de sa bicyclette, aucun de ses descendants ne se doutait que Joseph Bernard avait fait passer la ligne de démarcation à une famille juive tout entière, en 1941. Jusqu’à sa mort en 1969, le discret retraité n’a jamais parlé de cet épisode de sa vie.
Ce n’est que l’an dernier que la nièce du facteur a été contactée par l’une des filles de la famille Guez. Agée de 87 ans, Simone Furmansky-Guez avait 16 ans lorsqu’elle a franchi pour la première fois la ligne de démarcation. C’était en octobre 1941. Elle vit aujourd’hui à Paris et a entrepris de retrouver les bienfaiteurs de sa famille.
Car ils sont deux, en réalité, à avoir servi de « passeurs » : le facteur de Saint-Julien, qui avait la particularité de pouvoir passer la ligne facilement puisque sa tournée était à cheval sur les deux secteurs, mais aussi le garde champêtre de Lussac-les-Châteaux, Julien David. Ce dernier s’est chargé d’escorter la mère, Suzanne, et quatre des cinq enfants de la famille Guez jusque chez leurs cousins, les Sarfati, à Lussac, où se trouvaient déjà le père, Emile, et le fils aîné, Félix.
Leurs noms gravés sur le mur du Jardin des Justes à Jérusalem.
Julien David (3e en partant de la gauche) dans son uniforme de garde-champêtre, à la Libération. – (dr)
Les enfants ont maintenant entre 72 et 89 ans et sont tous grands-parents et arrière-grands-parents. La plupart d’entre eux devraient revenir à Lussac, d’ici quatre ou cinq mois, à l’occasion de la cérémonie de remise de la médaille de Juste aux descendants des deux héros très discrets.
En effet, non contente de retrouver la trace de ses sauveurs, Simone Furmansky a tout fait pour que Joseph Bernard et Julien David soient reconnus « Justes parmi les nations » par l’association Yad Vashem. Et ses deux années d’efforts ont trouvé leur épilogue la semaine dernière, lorsque l’association israélienne a décerné le titre aux deux hommes « pour avoir aidé à leurs risques et périls, des Juifs pourchassés pendant l’Occupation ». Leurs noms seront gravés sur le mur d’honneur dans le Jardin des Justes à Jérusalem.
Les deux Poitevins rejoignent ainsi les 24.000 Justes reconnus de par le monde et deviennent, à titre posthume, les 42e et 43e
Poitevins à recevoir cette médaille qui est la plus haute distinction civile décernée par l’État d’Israël.
Article lié au Dossier 12450
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