Histoire bouleversante d’un nazi qui a sauvé des centaines de Juifs
Du 01/08/2017
« C’était un juste. Dommage qu’il n’y en avait pas beaucoup d’autres comme lui. Il représentait la lumière dans les ténèbres. C’était notre ange libérateur ». Ces phrases ont été prononcées par des rescapés de la Shoah vivant en Israël qui doivent la vie à un officier nazi qui a supervisé la construction du camp de la mort d’Auschwitz et a en même temps sauvé des centaines de Juifs…..
Cette histoire bouleversante est relatée pour la première fois, en exclusivité, par une journaliste de la télévision israélienne qui a mené une enquête approfondie plutôt remarquable.
Elle indique ainsi qu’Helmut Kleinicke s’est inscrit au parti nazi en 1933. En tant qu’ingénieur, il a gravi rapidement les échelons et a obtenu un poste important dans la région d’Auschwitz.
Pour accomplir sa tâche, il a engagé de nombreux travailleurs juifs qui séjournaient dans la localité voisine de Chrzanów et voyaient les barbelés électrifiés qui entouraient le camp.
« Ceux qui étaient employés par Kleinicke étaient des VIP », raconte Yossef dans le reportage, l’un des survivants, âgé aujourd’hui de 90 ans. Nous avions un certificat indiquant que nous travaillions chez lui et c’était notre salut ».
Après la guerre, Yossef, installé en Israël, a décidé d’écrire à son sauveur pour le remercier mais il n’a jamais reçu de réponse.
La réalisatrice du reportage a récupéré sa lettre et celles de deux autres survivants chez la fille de Kleinicke qu’elle a interviewée.
Lorsqu’elle l’a remise à Yossef, il n’a pas pu retenir ses larmes en reconnaissant son écriture. « Je dois absolument la montrer à mes filles, a-t-il ajouté, très ému.
Chaque année, des Juifs originaires de Chrzanów, accompagnés de leurs descendants, se retrouvent pour une commémoration au Beth Lohamei Haguetatot.
Cette année, devant la caméra, plusieurs d’entre eux ont indiqué qu’ils faisaient partie des Juifs sauvés par Kleinicke, rappelant qu’il s’était comporté envers eux avec beaucoup d’humanité.
Il faut préciser que Kleinicke ne s’est pas contenté d’employer des Juifs. Il en a fait descendre un certain nombre des trains les conduisant à la mort, en a caché dans son grenier et a aidé d’autres à franchir la frontière.
Malheureusement, la Gestapo a commencé à avoir des soupçons et en 1943, il a été sanctionné et envoyé au front du Nord, perdant ainsi son poste.
La fille de Kleinicke, Jute, est née juste après la guerre.
La journaliste l’a rencontrée et a recueilli son témoignage poignant dans lequel elle a révélé que son père avait toujours eu un sentiment de culpabilité bien qu’il ait sauvé de nombreux Juifs et qu’elle souhaitait rencontrer les survivants qui devaient la vie à son père. Elle a confié qu’elle avait hérité de cette culpabilité.
A la fin des années 1970, la télévision allemande a diffusé la série américaine ‘Shoah’, qui a eu un retentissement dans le monde entier. Deux jours plus tard, Kleinicke succombait à une attaque cérébrale.
Sa fille a alors découvert une pile de lettres que son père avait reçues. Lorsqu’elle a appris que l’auteur d’une de ces lettres était vivant et voulait la rencontrer, elle s’est mise à pleurer d’émotion.
Jute a alors décidé de partir en Israël avec son fils Sebastian, sans savoir à quoi s’attendre.
Arrivée à la réunion des rescapés, elle a été accueillie par des applaudissements, comme en témoignent les images prises par les caméras de la télévision israélienne. Il est impossible de décrire l’émotion de ces ‘retrouvailles’. Tous les survivants qui doivent la vie à Kleinicke avaient les larmes aux yeux : ils ont souhaité la bienvenue à la fille de leur bienfaiteur et lui ont affirmé que son père s’était conduit comme un héros et que désormais, « elle faisait partie de leur famille ».
Claire Dana-Picard