Hommage à l’abbé Singerlé

Hommage à l’abbé Singerlé

Du 20/11/2011

 

 

 

 

 

 

Dimanche 27 novembre à 12h00 à l’église de Venelles sera inaugurée une plaque commémorative de son action héroïque lors de la deuxième guerre mondiale.

Il y a 60 ans disparaissait l’héroïque abbé Fernand SINGERLE, ancien curé de Venelles et Meyrargues

De 1941 à 1944, l’abbé Fernand Singerlé qui exerçait son ministère à Venelles et Meyrargues a marqué d’une empreinte indélébile ses paroissiens. C’était  un homme de grande culture, d’un dévouement sans borne et d’une bonté exceptionnelle envers tous.

Dans son ouvrage émouvant « Deux héros de l’ombre », l’auteur Francis Brun de Meyrargues évoque son action durant la période difficile de l’occupation et livre le récit de plusieurs témoins.

Ordonné prêtre le 23 décembre 1939 à Aix-en-Provence à l’âge de 26 ans, il assure son premier poste à Barbentane puis, peu de temps après, il est désigné curé de Venelles et Meyrargues. Lorrain d’origine, il parlait couramment l’allemand ce qui lui servira au moment de l’invasion de la zone libre en novembre 1942.

A Venelles, son lieu de résidence, l’abbé cachait dans la sacristie ou au presbytère des juifs ou résistants recherchés par la police de Vichy et la Gestapo me racontait Raymond Richaud dont le père Marius était receveur des postes ; « La plupart du temps, il était hébergé chez mes parents et partageait nos repas ; Fréquemment, il m’arrivait de déposer derrière l’autel, de la nourriture préparée par ma mère et destinée à ces pauvres gens ». C’est ainsi que le curé recueillit la famille Pfeiffer et leur fille Sophie, réfugiés juifs allemands évadés du camp des Milles en octobre et novembre 1942.

Claire Musso née Coste se souvient avec nostalgie de l’abbé qui projetait des films aux jeunes du village ou les faisait chanter, quant à Emile Fosse, lorsqu’il passa le brevet sportif scolaire avec huit de ses camarades, c’est encore l’abbé qui les conduisit avec sa moto à Aix.

A Meyrargues, il dissimulait des armes pour son réseau de résistance, sous l’autel de l’église ou dans les vestiges de l’aqueduc romain de Traconnade situé dans la colline St-Claude.

Le 27 novembre 1943, la gestapo arrête plusieurs meyrarguais et peyrollais en représailles d’une attaque d’un convoi allemand, la veille. Informé en urgence, le curé Singerlé se rendit aussitôt en moto à la prison des Baumettes à Marseille où les six otages meyrarguais alignés contre un mur étaient sur le point d’être fusillés.

Après avoir longuement parlementé avec l’officier allemand, ce dernier accepta de surseoir à l’exécution. Chaque jour, le curé Singerlé se rendit aux Baumettes pour plaider la cause des otages. Ils seront libérés quelques jours plus tard et c’est le curé Singerlé qui viendra les chercher avec une camionnette de Barbier-Dauphin.

Une plaque commémorative offerte par les familles des otages est scellée sur un pilier de l’église Saint-André de Meyrargues avec les noms des six otages. A Venelles-le-Haut, une rue du village porte son nom.

Le 9 août 1944, le Meyrarguais Noël Véran est abattu lâchement par la gestapo qui ne veut pas rendre le corps à la famille. C’est le curé Singerlé qui ramènera le cercueil à ses parents. Dix jours plus tard, le venellois Maurice Plantier est fusillé. Le jour des obsèques, le curé Singerlé prononcera une homélie d’un rare patriotisme (La Résistance en Mosaïque de J.C. Pouzet).

C’est avec tristesse que ses paroissiens apprirent son départ en septembre 1944 pour la commune de Saint-Andiol (B.-du-Rhône), lieu d’origine de Jean Moulin et où débute la route portant le nom de ce célèbre résistant.

Après la Libération de la Provence en août 1944, il s’engage dans la 2ème Division Blindée au 50ème Chasseur du général Leclerc de Hauteclocque et participe à la campagne d’Alsace. Le 8 décembre 1945, l’adjudant-chef et aumônier Fernand Singerlé se voit décerner la Croix de guerre et quelques mois plus tard, il reçoit la Médaille de la Résistance. La guerre terminée, il revient dans ses paroisses, curé de Saint-Andiol et Verquières. Il succombera le 25 janvier 1949 à Saint-Andiol, d’une longue et douloureuse maladie dont il souffrait depuis sa jeunesse. Il avait 36 ans ! La place de l’église de Saint-Andiol a pris depuis, le nom de : Place Abbé Fernand Singerlé.

A la demande de Monsieur André Fontaine, professeur et historien d’Aix-en-Provence, la fondation Yad Vashem à Jérusalem, lui décerne le 2 février 2000, à titre posthume, le titre de « Juste parmi les Nations », pour avoir aidé à ses risques et périls, des Juifs pourchassés pendant l’occupation. La médaille et le diplôme ont été remis à sa nièce Madame Francine Singerlé-Niderst, au cours d’une cérémonie présidée par Monsieur Pierre Messmer, Ancien Premier Ministre, le 15 novembre 2000 à Sarrebourg. Le titre de « Juste parmi les Nations » honore ceux qui ont sauvé des juifs, au péril de leur vie et exprime la gratitude de l’état d’Israël et du peuple juif tout entier. Il est la plus haute distinction décernée à titre civil par Israël.

Christian GRAMONDI