Hommage des élus à Henriette Veaute
Du 01/03/2017
Lors du conseil municipal de vendredi soir, le vote unanime pour attribuer le nom d’Henriette-Veaute au rond-point de l’avenue de Vaudreuille, face au centre de secours, fut suivi d’une salve d’applaudissement de la part des élus. En présence de son fils dans le public, Emile Veaute, très ému pour l’occasion, le premier adjoint rappelait qu’Henriette Veaute, née Pagès, le 10 octobre 1924 et décédée le 31 juillet 2010, a reçu le titre des «Justes parmi les Nations», le 29 juillet 1997, délivré par l’Etat d’Israël à des civils.
On se souvient aussi que le président Jacques Chirac avait tenu, avant la fin de son mandat, à ce que les «Justes» de France soient élevés au rang de Chevaliers de la Légion d’Honneur. C’est ce que fit Alain Chatillon en lui remettant la distinction lors des cérémonies commémoratives du 18 juin 2007.
Résistante à 16 ans
Il faut dire qu’Henriette Pagès-Veaute aura vécu une jeunesse plutôt mouvementée. En 1940, elle a 16 ans, quand son père, Henri, encore maire de Prades, dans le Tarn, lui demande d’accepter le poste de secrétaire de mairie qu’elle occupera jusqu’en 1945. Pendant tout le temps de l’occupation, avec son amie Lucette Valax-Ambert, elle ne se posera pas de question et dans la plus grande discrétion, elles vont faire de fausses cartes d’identité. Dans un premier temps, elles se rendent aux monuments aux morts des alentours pour relever les noms des Français morts pendant la première guerre mondiale. Henriette imite alors la signature de son père tout en apposant le vrai cachet de la mairie sur les documents officiels.
Ces «vrais fausses» cartes d’identité étaient ensuite acheminées, à vélo, jusqu’à Puylaurens où Madame Carles, responsable du réseau de la Résistance, les envoyait ensuite sur toute la France. En 1942, après l’occupation de la zone libre par les Allemands, Henri Pagès, le père d’Henriette, cacha les parents d’Esther Epstein, le temps de la guerre, avec d’autres juifs, tels que Jean-Paul Lehman, qui resta lié d’amitié avec la famille Pagès. Henriette fit aussi de nombreuses fausses cartes d’identité pour des familles juives de la région.
Si l’on ne sait ce que devenaient ensuite ces «vrais fausses» pièces d’identité et ceux qui les utilisaient, son amie Esther Epstein raconta qu’ils lui sauvèrent certainement la vie.
«En 1943, j’eus l’immense chance de pouvoir m’inscrire à l’école dentaire de Lyon et ceci grâce à Henriette qui me fournit de vrais faux papiers à sa propre identité. Le 3 février 1944, j’étais arrêtée à Lyon par la Gestapo et interrogée mais la qualité exceptionnelle des faux papiers établis par Henriette résista aux sbires de la Gestapo qui me relâchèrent au bout de quelques heures».
Emile Gaubert