Journée des Justes : portrait d’un Landais qui aida des Juifs

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Journée des Justes : portrait d’un Landais qui aida des Juifs

Du 16/07/2017

 

 

 

 

 

 

 

Henri Tauzia, 90 ans, hébergea une famille de Juifs pendant l'été 1942
La Nation rend hommage ce dimanche aux Justes qui aidèrent des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. C’est le cas d’Henri Tauzia, un Landais de 90 ans. Il n’a jamais demandé le titre de Juste. Mais, adolescent, il a pris de gros risques pour sauver une famille.

Il vient de fêter ses 90 printemps, il a de l’allure et un caractère bien trempé … Facile d’imaginer, alors, l’adolescent fier et débrouillard que fut Henri Tauzia pendant la Seconde guerre mondiale! En 1942, Henri a 15 ans, il vit avec sa soeur Henriette et ses parents dans une ferme, à Benquet, à quelques kilomètres de Mont-de-Marsan. La persécution nazie s’intensifie à cette période, beaucoup de Juifs se pressent dans les Landes pour franchir la ligne de démarcation avec la zone occupée. Elle serpente de Mont-de-Marsan à Saint-Sever. C’est dans ce contexte que le jeune Henri fait la connaissance de la famille Zawidowicz.

A quatre pattes dans un tunnel

Henri Tauzia se souvient très bien des Zawidowicz. « C’était un couple avec deux filles, Léa et Rachel, elles avaient à peu près mon âge, 10-12 ans. Les parents venaient de Bordeaux, des marchands ambulants, ils se sont installés à Mont-de-Marsan ». Très vite, à l’été 1942, ils doivent quitter la ville, passer en zone libre, même si c’est dangereux, pour trouver refuge chez les Tauzia, à Benquet. C’est Henri qui se charge de les faire passer. Il connaît le secteur comme sa poche. « J’avais repéré un tunnel, sous la route, au niveau de l’actuelle déchetterie de Saint-Pierre-du-Mont. L’ hiver, les eaux fluviales y passaient, mais l’été, c’était à sec! La famille l’a traversé avec moi à quatre pattes », explique le nonagénaire.

Rachel et Léa Zawidowicz ont passé l'été 1942 à la ferme, chez Henri Tauzia – Document remis (droit réservé)

A la ferme, on partageait tout

A la ferme, chez les Tauzia, la famille Zawidowicz dispose de sa propre chambre, les enfants s’amusent ensemble. « On partageait tout, c’était la guerre, c’était dur, mais on donnait ce qu’on avait. il y avait des oeufs, quelques poulets, des légumes« , raconte Henri. De temps en temps, l’adolescent fait des incursions dans l’ancienne maison des Zawidowicz, à Mont-de-Marsan, pour leur ramener des affaires. Opération non sans danger…Mais Henri n’a peur de rien! Pendant trois mois, il leur rend des services.

Fiches de déportation des petites Zawidowicz, au départ du camp de Drancy – Document remis (droit réservé)

 

Une carte postale pour dernier contact

Henri perd la trace des Zawidowicz en 1943. Ils sont arrêtés à Tarbes, direction le camp de Drancy. « Notre dernier contact, c’est une carte postale qu’ils nous ont envoyée depuis Drancy ». Quelques lignes assez vagues, bien sûr, à cause de la censure. Et puis, plus rien…La famille Zawidowicz périt à Auschwitz en février 1943. Henri Tauzia en aura la confirmation vingt ans plus tard, lors d’un voyage en Israël. Ce fut un déchirement. « Je visitais un mémorial, il y avait ce ciel étoilé avec l’inscription des noms de tous les Juifs morts en camps de concentration. Là, j’ai vu ceux des Zawidowicz », murmure Henri, toujours très ému, 75 ans après les faits.

Des Justes, il y en a eu plein!

Il n’est pas du genre à se tresser des lauriers, Henri. Il réfute le terme d’héroïsme, comme il refuse de se faire reconnaître comme Juste par l’Etat d’Isräel. « Des Justes, des anonymes comme moi, qui ont secouru des Juifs, il y en a eu plein! », s’emporte-t-il.

 

Dans les Landes, 19 personnes ont été faites « Justes parmi les Nations », par l’Etat d’Israël.

Elodie Vergelati