Le témoignage de Jacques Bachmann, juif de 10 ans en 1939 à Châlons-en-Champagne

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Dossier n°

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Le témoignage de Jacques Bachmann, juif de 10 ans en 1939 à Châlons-en-Champagne

Champagne-Ardenne du 22/02/2018

 

 

 

 

 

 

 


Jacques Bachmann devant les collégiens © Radio France – Philippe Rey-Gorez
Jacques Bachmann a rencontré ce lundi des élèves du collège Duruy de Châlons-en-Champagne. Il connait bien la ville, où sa famille vivait en 1939. Grace au courage de ceux qu’on appelle les Justes, elle a échappé à la déportation.

Châlons-en-Champagne, France

Le témoignage d’un homme de 89 ans, ce lundi, devant des élèves de 3° du collège Duruy de Châlons-en-Champagne : Jacques Bachmann, de confession juive, avait 10 ans en 1939. Il habitait à Châlons avec ses parents et ses 3 frères et sœurs.  C’est avec l’aide d’hommes et des femmes qui ont pris des risques que la famille a pu échapper à l’horreur de la déportation. Certains ont même reçu le titre de « Justes parmi les nations », plus haute distinction honorifique décernée par l’état d’Israël à ceux qui ont sauvé des juifs.  Aujourd’hui Jacques Bachmann se fait un devoir de témoigner auprès des jeunes générations. 

En 1939, les parents de Jacques Bachmannn tiennent un commerce rue d’Orfeuil. Son père est fourreur. 

Le petit Jacques a deux grands frères, Jean et Pierre, et une sœur cadette, Nicole. Dès la victoire de l’Allemagne, les choses se gâtent. Les juifs doivent se déclarer, ils n’ont plus le droit d’être propriétaires. Henry Bachmann doit même vendre fictivement son magasin à son comptable. Il le récupérera après la guerre. 

Parce que la famille Bachmann s’en est sortie. Des gens l’ont aidée, au péril de leur vie. Les Bachmann ont réussi à se cacher le jour même où les Allemands venaient les arrêter, en sa cachant chez des amis à Epernay.  Ce sera ensuite la fuite, en train, et après tout un périple, ils parviennent à passer en zone libre, à Villeneuve-sur-Lot. 

Mais en 1942, toute la France devient occupée. La relative tranquillité de la famille se transforme en peur de tous les instants. La milice de Darlan, la police et la gendarmerie françaises traquent les juifs, les communistes, les résistants. Un couple de résistants, justement, a un réseau, ce qui permet aux réfugiés de se cacher quand il le faut, dans des fermes. C’est grâce à Marie et Bertrand Fabre que la famille Bachmann échappe aux grandes rafles de 1944. A l’initiative de Jacques Bachmann, le couple a reçu le titre de « Justes parmi les nations » en 2013.   

Ce récit, Jacques Bachmann l’a déjà consigné dans un livre, « être juif à 10 ans en 1939, sauvé par mes Justes », mais il veut aussi rencontrer les jeunes. La venue de jacques Bachmann au collège Duruy était dans le cadre d’un enseignement pratique interdisciplinaire ( EPI).  Réalisé sur l’année, il s’appelle « chemins de mémoire ». C’est au pluriel, puisque le parcours d’une autre jeune juive chalonnaise est étudié. Solange Ast, elle, est morte en camp de concentration. Une salle porte aujourd’hui son nom, au Palais des sports Pierre de Coubertin de Châlons-en-Champagne.

Bien après la guerre, Jacques Bachmann a suivi des études  à Paris, avant de devenir journaliste-photographe pour les magazines Maison et Jardin et Vogue Déco. Il vit à Niort depuis une vingtaine d’années.

Philippe Rey-Gorez


Le commerce d'Henri Bachmann © Radio France - Avec l'autorisation de Jacques Bachmann

A l'école © Radio France - Avec l'autorisation de Jacques Bachmann

Avec ses frères et soeur © Radio France - Avec l'autorisation de Jacques Bachmann

En 1938 © Radio France - Avec l'autorisation de Jacques Bachmann

Conférence au lucée Duruy © Radio France - Philippe Rey-Gorez