Plestan. Les Pettré, descendants de Justes et de résistants
Du 16/07/2017
En cette journée d’hommage aux Justes parmi les nations, rencontre avec les plestannais Jean-Christian Pettré et sa femme Françoise. Leurs ancêtres se sont distingués durant ces heures sombres.
C’est un jour particulier pour Jean-Christian Pettré et sa femme Françoise. À 11 h 15, place Saint-Michel à Saint-Brieuc, ce fils et petit-fils de résistant lira le nom des 77 juifs domiciliés ou réfugiés dans les Côtes-d’Armor ayant été déportés par l’Allemagne nazie. Parmi eux, « des enfants de 11 mois, 3 ans… Déportés simplement car ils étaient juifs » s’indigne Jean-Christian. Il a été choisi car l’histoire de sa famille et de celle de sa femme est exceptionnelle.
La résistance, une histoire de famille
Le père de Jean-Christian, Christian Pettré, atterrit à Pontivy en 1940. C’est là qu’il rencontre sa future épouse, Maryvonne, mais surtout son beau-père Henri Clément. Ce dernier fait partie du réseau Pat O’Leary qui récupère et cache les pilotes alliés.
En juin 1943, Henri Clément est dénoncé et arrêté. Son gendre, pourtant pas encore entré en résistance, est aussi fait prisonnier. Il sera finalement libéré après deux mois de captivité. Henri Clément n’a pas cette chance. Transféré à Compiègne, en mars 1944, il est déporté à Auschwitz-Birkenau, en avril, puis à Buchenwald et enfin à Flossenbürg, en mai 1944. Malade, c’est là qu’il s’éteindra au début de l’année 1945.
Pendant ce temps, Christian Pettré a repris le maquis. En juin 1944, il est de nouveau arrêté. Interrogé, torturé, il fera partie du dernier convoi de déportés jusqu’au camp de concentration de Neuengamme. Il suivra la débâcle allemande jusqu’à Sandboostel d’où il sera libéré en juin 1945.
Voici du côté de Jean-Christian. Mais sa femme, Françoise Pettré-Calmbacher n’est pas en reste. Ses arrière-grands-parents, Charles Julien de Lespinasse et Berthe Ferrier ont protégé les Garih, une famille juive, à Nice à la fin de l’année 1942. « Ils ont été nommés Justes parmi les nations », explique-t-elle, très attachée à cette journée d’hommage. Claude et Sylvie, les enfants Garih étaient d’ailleurs présents à la mairie de Neuilly-sur-Seine en 2012 lorsque les Lespinasse ont été honorés.
Ces deux familles extraordinaires se connaissent depuis très longtemps. « Pendant la guerre, mes grands-parents étaient venus se réfugier au Val-André, explique Françoise. C’est là que mon père a rencontré la mère de Jean-Christian. » Les futurs mariés avaient alors 4 et 7 ans et la résistance les unissait.
L’an passé, grâce à une association, Jean-Christian s’est rendu à Auschwitz-Birkenau. Il a pu marcher dans les pas de son grand-père, avec émotion. Clin d’œil de l’histoire, la fille des Pettré a épousé un allemand dont la mère vit à, à peine 50 km de Flossenbürg, le dernier camp de son grand-père. Jean-Christian a donc pu, avec fierté, « remonté toute sa trace ».
Article lié au Dossier 12066