Reconnue Juste à Nay
Du 16/06/2015
Michèle Barats a reçu la médaille remise, à titre posthume, à Thérèse Trébuquet par le comité Yad Vashem.
Elle aurait aimé, sans nul doute, être à Nay ce week-end mais sa santé ne l’y a pas autorisée.
Betty Grumet-Both, installée depuis 1955 aux États-Unis, y a séjourné durant plusieurs années, certainement les plus particulières de sa vie. Il y a soixante-dix ans, dans ce petit village du Béarn, une des habitantes, Thérèse Trébuquet, veuve sans enfant, l’a accueillie, abritée, protégée avec son frère, son père et sa mère parce qu’ils étaient juifs et pourchassés.
Betty avait 7 ans lorsque ses parents quittent Anvers en 1940 et fuient vers Bordeaux. Après un difficile voyage, ils arrivent en 1941 à Nay où des familles juives étaient réfugiées. Thérèse Trébuquet installe les Zagdansky tout près de sa maison, au 21 de la rue des Pyrénées, là où son mari possédait la tannerie. Mme Zagdansky ne parle que le yiddish. Sa longue chevelure brune la fera passer pour une Espagnole, de surcroît sourde et muette. Ses deux enfants seront accueillis à l’école communale mais un an plus tard, leur père Samuel, dénoncé, sera arrêté et déporté à Auschwitz, d’où il ne reviendra pas.
De longues recherches
Le danger est désormais trop grand pour cette famille de réfugiés et Betty est conduite vers l’orphelinat de Blan, pendant deux ans, avant d’être confiée au pasteur Daniel Sens.
C’est au cours d’un voyage effectué, en 2002, en Béarn, avec son fils que Betty a tenté de retrouver des informations, aidée par Maurice Triep-Capdeville, alors maire de la ville et Alice Larrivière.
Elle a conservé des photos de classe et à 82 ans veut que l’on continue à se souvenir de Thérèse et de ses actes de bravoure.
Dimanche, à Nay, sa mémoire a été rappelée à tous au cours de la cérémonie qui l’a portée au rang de Justes parmi les nations. Dans la lettre envoyée de New-York, Betty exprime la douceur et la délicatesse de Thérèse dont le portrait était exposé avec, à ses côtés, ceux de Betty enfant et adulte, âge qu’elle a pu atteindre grâce au courage d’une habitante de Nay. En présence de Laurent Preece, délégué de l’ambassade d’Israël, de Marie Aubert, secrétaire générale de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, de Nathalie Chabanne, députée, des élus et d’habitants de la plaine de Nay, Michel Alitenssi, du comité Yad Vashem a remis la médaille des Justes parmi les nations à Michèle Lucante, petite-nièce de Thérèse.
Le maire, Guy Chabrout a inauguré, en 2012, une place et une sculpture en l’honneur des Nayais qui ont su sauver des juifs.
Thérèse Trébuquet les rejoint. Sa mémoire ne s’effacera pas grâce à la persévérance de Betty.
Mireille Caillé
Article lié au Dossier 12576