Le sauvetage de Louise Daouda
Cérémonie à la Mairie de Sanvensa.
Debouts, de g. à dr. :
– Louise Daouda, enfant cachée,
– Shmuel Sivan, Consul d’Israël à Marseille,
– Suzette Clapier, Maire de Sanvensa,
– Albert Seifer, Délégué du Comité Français pour Yas Vashem.
Assis : André Falippou, fils des Justes, et son épouse.
(Ph. C. Gordon / BCFYV / DR).
Alfred et Marie-Emilie Falippou
Justes parmi les Nations
Compte-rendu de la cérémonie du 20 juin 2010 :
– « Dans la moderne mairie de ce village de 650 habitants, situé à une dizaine de kilomètres de Villefranche de Rouergue, une cinquantaine de personnes assistèrent à une cérémonie émouvante au cours de laquelle André, 90 ans, le fils d’Alfred et Marie-Emilie FALIPPOU et leurs nombreuses petites-filles reçurent la médaille des Justes décernée à titre posthume à leurs parents et grands-parents.
Alfred et Marie-Emile hébergèrent et ainsi sauvèrent, dans leur ferme du « Portail Bas » Louise DADOUA , alors âgée de 9 ans, benjamine d’une famille de 8 enfants et originaire d’Algérie. Celle-ci, venue de Marseille, évoqua avec émotion la façon dont elle fut accueillie comme une enfant de la famille.
Une petite-fille Falippou remercia chaleureusement Yad Vashem.
Etaient présents : Mme Suzette CLAPIER, maire très sympathique de Sanvensa, Mr Shmuel SIVAN Consul d’Israël à Marseille et le Dr Albert SEIFER délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem. »
(Compte-rendu d’Albert Seifer).
A l’avant plan, Louise Daouda, enfant cachée par les Falippou (Ph. Arch. Fam. / BCFYV / DR).
Synthèse du dossier Yad Vashem :
– « Maklouf Daouda est né en Algérie, en 1891. Il est boulanger. En 1912, il épouse Hanna Bittoun. En 1926, le couple arrive en France.
Ils auront 8 enfants : Marcel Gaston (1913-1994), Gilberte (1915-1998), Lucienne (1918-1998), Léon (1922-1991), Simone (1925-1996), Paul Haim (1928-1985), Jules (1930, décédé en bas âge), Georges (1932-1983) et Louise (née en 1934).
Malouf décède à Marseille à l’âge de 46 ans. Sa veuve, 42 ans, aidée de sa mère, élève les huit enfants en faisant des ménages. La famille habite à Marseille, 15, rue Sainte-Anne, dans le quartier du Vieux Port.
Lorsque la guerre éclate, Marcel Gaston, l’aîné, est prisonnier de guerre en Allemagne.
Gilberte habite à Montpellier.
Lucienne vit à Peyrolles avec son fils Robert, 5 ans, et son mari Charles Hadjadj. Né en Algérie en 1912, ce dernier sera dénoncé et déporté sans retour vers Kaunas par le convoi n° 73 du 15 mai 1944.
Léon est résistant sous le nom d’André Fabreguette.
Lors de la grande rafle des 22 et 23 janvier 1943 à Marseille, Hanna Dadoua et quatre de ses enfants, Simone, Paul et Georges et Louise, sont arrêtés par les soldats Allemands et la Milice. Ils sont conduits au Vieux Port, entassés dans des wagons, dirigés vers la gare de triage de Fréjus et internés dans un camp de tirailleurs sénégalais. Ils y restent parqués huit jours dans des conditions abominables.
Là, Simone amadoue un Milicien chargé de la surveillance. Il s’arrange pour les faire renvoyer sur Marseille. Puis Hanna Daouda et les siens parviennent à gagner Montpellier et s’installent 12, rue de l’Université.
Par mesure de sécurité, Georges et Paul sont placés dans un couvent dirigé par l’abbé Prévôt à Montpellier.
Louise est conduite au couvent des Dames de Nevers à Cahors.
Hanna, sa mère et Simone restent réfugiées à Montpellier.
Fin 1943, le petite Louise est évacuée avec d’autres enfants sur Villefranche-de-Rouergue. Louise est attendue à la gare par M. et Mme Vialar qui tiennent une épicerie. Denise, la fille des Vialar, âgée de 19 ans, s’y occupe de Louise avec douceur et gentillesse. Mais, la grande maison des Vialar vient à être réquisitionnée par les Allemands.
La petite Louise est alors confiée à des amis des Vialar qui habitent Sanvensa, à 8 km de Villefranche. L’enfant cachée découvre ainsi Alfred et Maria Falippou, agriculteurs et leurs deux enfants, André, né en 1920, et Yvette, née en 1922.
Les Falippou font passer leur protégée pour la fille d’une amie, enfant venue « se refaire une santé à la campagne ».
Louise avait alors 10 ans. Elle garde le souvenir de sa petite chambre avec une couette en plume d’oie, du bon lait, des vendanges et de la maison pleine d’amour.
Quand elle le peut, Hanna Daouda vient embrasser sa fille et repart toujours avec des paniers chargés de victuailles.
A la Libération, Louise sera partagée entre le bonheur de retrouver sa maman et la grande tristesse de quitter les Vialar… »
Le Midi Libre :
– « Louise Dadoua a permis à leurs petites-filles (Anne-Marie, Josiane, Françoise, Paulette et Danièle), de connaître la vérité sur cette période.
« Que ce soient mes grands-parents, ma mère et mon oncle, et même les voisins, personne ne nous en a jamais parlé », explique Danièle, l’une des deux filles d’Yvette, et qui s’est chargé avec André son époux, de monter le dossier.
« C’est au travers du dossier que l’on a découvert l’histoire. Dans le reste de la famille, on ne voulait pas trop remuer ces vieilles histoires. Avec mon mari, on s’est lancé en se disant qu’on allait peut-être le regretter. Mais si on ne l’avait pas fait, le dossier n’aurait pas abouti (…) . Aujourd’hui, tout le monde est heureux que l’on soit allé jusqu’au bout. »
(Reportage de Xavier Rousseau, ).
NOTE : Délégué du Comité Français pour Yad Vashem, Albert Seifer a participé à la rédaction de cette page. Qu’il en soit remercié.
Article lié au Dossier 11611