Marcel Foucault, Juste parmi les Nations
Invitation à la cérémonie de reconnaissance de Marcel Foucault (Doc. R. Mizrahi / DR).
Paula Foucault-Boyer :
« C’est lui qui a sauvé,
au péril de sa vie,
le peu de famille que les Allemands
n’ont pas réussi à m’arracher »
Ce 12 octobre, l’Hôtel de Ville de Marseille servit de cadre à la cérémonie de remise, à titre posthume, du diplôme et de la médaille de Juste parmi les Nations à Marcel Foucault. Son fils, Jean-Pierre, les reçut des mains de Simona Frankel, Consul général d’Israël, et de Robert Mizrahi, Président du Comité Français pour Yad Vashem pour le Sud de la France.
Témoignage de Paula Foucault-Boyer, née Pessa Leska :
– « J’ai vu le jour le 27 février 1916 à Mogelnica, en Pologne. J’étais la troisième de neuf enfants d’une famille juive traditionnelle. Mes parents tenaient une boulangerie-pâtisserie où ils travaillaient très dur.
Comme il n’y avait aucun avenir pour moi en Pologne, je suis partie en 1938 pour la Belgique où j’ai rejoint ma soeur Anna qui tenait avec son mari un supermarché de produits frais. Je faisais de mon mieux pour l’aider à tenir le magasin et élever ses deux enfants Paulette et Maurice.
Et puis les Allemands sont arrivés en Belgique. Je suis alors partie sur les routes à pied, sans ma soeur, mon beau-frère et les enfants qui pensaient ne rien risquer…
En juin 1940, après l’armistice, j’ai pensé rejoindre l’Argentine en prenant le bateau à Marseille. Là, dans cette ville, je n’avais qu’un seul contact : Monsieur Falek. C’est grâce à lui que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon sauveur, celui de ma famille et plus tard mon mari : Marcel Foucault.
Marcel Foucault m’a aidée tout au long de la guerre. Il prenait pour moi, comme pour d’autres juifs, des risques énormes. Il nous fournissait de faux papiers, essayait de nous trouver des logements et mettait sans cesse sa vie en péril pour sauver la nôtre.
En 1941, il avait rejoint le réseau « Combat », la plus importante organisation de Résistance en zone sud, où il tenait une rôle de « boîte aux lettres » dans les services de liaison, s’occupait aussi des dépôts d’armes et surtout de la fabrication de tickets d’alimentation et de faux documents.
Quand les rafles ont commencé à Marseille, alors qu’il me connaissait à peine, il m’a cachée chez une dame de la Rose, Madame Garnier, et m’a donné de faux papiers. Il payait lui-même ma logeuse chaque mois et me rendait visite sans cesse.
Quant à mes neveux, Maurice 5 ans et Paulette 9 ans à l’époque, s’ils sont en vie encore aujourd’hui, ils ne le doivent qu’au courage et à la générosité de Monsieur Foucault qui a pris tous les risques imaginables pour les sauver des griffes des Allemands.
Je peux vraiment dire que toute la famille que j’ai aujourd’hui, le la dois à celui qui est devenu mon Mari, car c’est lui qui a sauvé, au péril de sa vie, le peu de famille que les Allemands n’ont pas réussi à m’arracher. »
Signature de la rescapée (Doc. R. Mizrahi / DR).
Suite du témoignage :
– « Mais la générosité de Monsieur Foucault à l’égard des juifs ne s’arrêtait pas à aider ma seule famille. Je sais qu’il a fourni à sa secrétaire, qui était juive, de faux-papiers. Malheureusement, elle fut arrêtée et forcée de dénoncer celui qui lui avait fourni sa carte d’identité. Vous n’imaginez pas le combat qu’il a fallu mener pour sortir Monsieur Foucault des mains de la Gestapo. Quinze jours très douloureux dont il est ressorti encore plus fort et convaincu de s’opposer à l’occupant.
(s) Paula FOUCAULT-BOYER. »
La médaille et le diplôme de ce Juste parmi les Nations ont été confiés à son fils, Jean-Pierre Foucault. La stature médiatique de ce dernier a entraîné de larges échos dans la presse. Dont celui-ci :
Article lié au Dossier 11462