7 Justes à Abondant

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Dossier n°

7 Justes à Abondant

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Titre de L’Echo Républicain, 14 juin 2010 (DR).

 

 

Aimé Breton, son fils Roger et sa belle fille Thérézia, Albert et Marguerite Moreau, leur fille Geneviève et son mari René Gastelais,
Justes parmi les Nations


Des centaines de personnes, et pas seulement des Abondantais, se sont retrouvées le 13 juin dernier pour honorer les Justes ayant protégé de la Shoah la famille Ringart Istrach.
Médailles et diplômes ont été remis aux ayant-droits par Michel Lugassy-Harel, représentant de l’Ambassade d’Israël en France. Cette cérémonie à l’ampleur exceptionnelle avait été préparée par Pierre Osowiechi, Délégué du Comité Français pour Yad Vashem.

Synthèse du dossier Yad Vashem :

– « Ce dossier a été ouvert grâce aux efforts d’Anna Ringart. Celle-ci est née en 1937. 
Son père, Noha Ringart, provenait de Lodz via Berlin. Il prit ses nouvelles racines en France à partir de 1933 et comme photographe d’agence.
Sa mère, Paula Oistrach, était native d’Odessa. Elle émigra d’abord en Allemagne avant de choisir la France en 1933, elle aussi. Après des études aux Beaux-Arts, elle devint tisserande à la main.
Le couple s’est connu à Paris. Peu avant l’occupation, il fut inscrit sur les Registres de la population à Gif-sur-Yvette.

Pour les Ringart comme pour tant d’autres, la guerre vient tout bouleverser. 
La petite entreprise de tissage associant Paula Ringart et Germaine Volpe vient à manquer de matières premières. Il faut trouver de la laine brute. C’est ainsi que Paula fait la connaissance de Geneviève Gastelais, épouse d’un marchand de moutons de la Beauce.

Puis les menaces antisémites se précisant et se multipliant, Geneviève Gastelais propose d’accueillir chez elle, au Mesnil-sur-Estrées, Paula Ringart, sa mère Rosa Oistrach et la petite Anna, âgée alors de 5 ans.
Geneviève fait alors appel à un parent, Aimé Breton. Cet instituteur exerce également la charge de secrétaire de mairie. Celui-ci va devenir l’organisateur du sauvetage des trois fugitives, et ce, jusqu’à la Libération. » 

 

 

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Aimé Breton, Juste parmi les Nations (BCFYV/DR).

 

 

Synthèse (suite) :


– « Aimé Breton va préparer des lieux d’accueils successifs pour éviter que les trois persécutées ne restent trop longtemps dans la même cachette. Il veille à leur fournir de faux papiers de qualité. Et s’assurera de leur ravitaillement régulier.
Le périple de la grand-mère, de la maman et de la fillette débutera donc au Mesnil-sur-Estrées, chez les Gastelais. Il va se poursuivre chez les parents de Geneviève, Albert et Marguerite Moreau, à Abondant. Puis dans la famille de la belle-fille d’Aimé, Thérézia Breton née Mousseigne à Boissy-St-Laurent la Gâtine.
Grâce à leurs faux papiers, Paula et sa fille Anna portent elles aussi le nom de Mousseigne. Rosa Oistrach deviendra une Durand…

Institutrice, Thérézia Breton veille à la scolarité de petite Anna. Hélas, un propos imprudent tenu à l’école oblige les trois juives à disparaître dans un nouveau refuge. Ce sera la Maison des Grès près d’Abondant.

Si ces trois générations successives de persécutées connurent la Libération, quel fut le sort des autres membres de leur famille ?
– Noah Ringart resta caché au troisième étage de la maison-atelier de Germaine Volpe à Gif-sur-Yvette.
– Mari de Rosa et père de Paula, Isay Oistrach connut une première alerte en étant interné comme étranger en 1940. Libéré, il fut à nouveau arrêté en novembre 1942 et déporté sans retour à Auschwitz.

Après guerre, la famille Ringart a gardé des liens privilégiés avec Aimé Breton et tous leurs autres sauveurs. »

 

 

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Prenant la parole à la cérémonie d’Abondant, Jeanne-Lise (Anna) Dittman-Ringart (BCFYV/DR).

 

Christian de Vimal du Bouchet, maire d’Abondant :

– « Ces Justes que nous honorons, firent il y a 65 ans, des gestes qui relevaient pour eux de l’évidence…
Tardive mais nécessaire, cette reconnaissance va à ce que la France a de meilleur, ces hommes et ces femmes qui ont fait le juste choix ! »

 

Anna Dittman-Ringart :

– « j’ai une pensée particulière pour la soeur de Thérézia qui a prêté son nom. Une âme restée dans l’ombre… 
Vous les Justes de France et du monde, vous avez le coeur à la bonne place !
Je n’ai jamais douté que ce dossier de reconnaissance éternelle irait à son terme. »

 

Lionel Beffre, préfet d’Eure-et-Loir :

– « Les Justes sont les sentinelles de la mémoire collective. La plupart n’ont pas cherché les honneurs, ils n’en sont que plus dignes. »

Le public put ensuite visiter une exposition particulièrement bien documentée. Elaborée par les enfants de l’école élémentaire, sous la direction d’Emmanuel Chevron, celle-ci était consacrée aux Justes et décrivait le parcours d’Anna, enfant cachée.

 

NB : Nos remerciements au Délégué du Comité Français pour Yad Vashem, Pierre Osowiechi qui a rassemblé les éléments constituant cette page. Précisons qu’il répond en outre à l’invitation du directeur et des enfants de l’école élémentaire d’Abondant pour y prolonger le travail de mémoire ayant imprégné cette cérémonie.