Pierre et Louise Rey, Justes parmi les Nations
Le public en la Mairie de Nègrepelisse. A dr. : Jacqueline Gourevitch, enfant cachée (Ph. C. Gordon/BCFYV/DR).
Cérémonie à Nègrepelisse pour deux fermiers de Lavergne ayant sauvé la petite Jacqueline Gourevitch
Synthèse du dossier Yad Vashem :
– « Pierre Alfred et Louise Marie Rey étaient fermiers à Lavergne, lieu situé à quatre km de Nègrepelisse. De juin 1942 au printemps 1945, ils prirent sous leur chaleureuse protection la petite Jacqueline Gourevitch. Celle-ci n’avait pas plus de trois ans quand elle fut ainsi mise à l’abri de la Shoah grâce aux Rey.
Pierre Alfred et Louise Marie se réclamaient tous deux de la religion protestante. Leur famille comptait non moins de quatre enfants en 1942 :
– Alice, 21 ans,
– Arlette, 20 ans,
– Denis, 16 ans et
– Maurice, 8 ans.
Leur généreuse hospitalité, malgré les dangers multipliés par l’occupant et ses collaborateurs, les Rey l’offrirent d’abord à un neveu ayant eu le courage de s’évader d’Allemagne. Puis Jacqueline, juive persécutée, arriva à Lavergne. Aussitôt intégrée et entourée. Alice, en aînée responsable, veille à son éducation et lui apprend à lire ainsi qu’à écrire.
La région n’est pas de tout repos. Les Allemands fouillent la ferme à deux reprises. Les Rey font passer Jacqueline pour une petite cousine venue respirer le bon air des campagnes…
Au printemps 1945, les horreurs de la guerre s’éloignent et les parents de Jacqueline viennent à Lavergne pour retrouver leur enfant. Celle-ci appelait alors son sauveur : « Papa Alfred » et l’épouse de ce dernier : « Maman Louise »… »
Les époux Rey, Justes parmi les Nations (BCFYV/DR).
Compte-rendu de la cérémonie par Albert Seifer, Délégué du Comité français pour Yad Vashem :
– « L’après-midi du 4 juillet à 15h30, nous nous retrouvions dans la mairie de Nègrepelisse pleine à craquer, pour assister à la cérémonie honorant à titre posthume Pierre Alfred et Louise Marie Rey qui cachèrent dans leur ferme de Lavergne la petite Jacqueline Gourevitch ( future Mme Lerfel ) alors âgée de 3 ans, de 1942 à 1945.
Le couple Rey, des protestants simples et généreux, avait 4 enfants : Alice 21 ans, Arlette 20 ans, Denis 16 ans et Maurice 8 ans.
Dans son discours d’accueil Mr Maurice Correcher, maire-adjoint rappela avec beaucoup d’émotion, comment sa tante Joséphine Correcher, épouse Costa cacha dans une huche à pain une fillette du Moulin de Moissac lors d’une perquisition des Allemands, et lui sauva ainsi la vie.
Puis le Dr Albert Seifer délégué régional du comité français pour Yad Vashem exposa à l’assistance ce qu’est Yad Vashem et rappela la fameuse lettre de Mgr Jules-Géraud Saliège archevêque de Toulouse sur la personne humaine qui fut lue dans toutes les églises du diocèse les dimanches 23 et 30 Août 1942.
Albert Seifer souligna l’action courageuse de Marie-Rose Geneste, au service de Mgr Théas archevêque de Montauban, laquelle parcourait 100 km par jour sur sa bicyclette bleue, exposée à Yad Vashem, pour distribuer dans toutes les églises du diocèse la lettre de Mgr Théas proche de celle de Mgr Saliège :
« Marie-Rose Geneste, Juste parmi les Nations, est très âgée et malade. J’ai eu l’honneur de la féliciter en décembre 1991 lors du « Colloque sur les camps d’internement dans le Sud-Ouest de la France » organisé à Montauban par le Recteur Philippe Joutard. »
Mr le sénateur Collin fit un très beau discours mettant l’accent sur le courage et l’humanisme de la famille Rey.
Mr Fabien Sudry, Préfet du Tarn-et-Garonne lui succéda dont le discours fut également de très bonne qualité qui rendit hommage à la valeureuse famille Rey.
Après les remerciements émus de Maurice Rey, fils des récipiendaires, Mme Jacqueline Gourevitch-Lerfel exprima sa profonde reconnaissance envers cette famille méritante. »
Jacqueline Gourevitch, enfant cachée chez les Rey et prononçant son discours de remerciements lors de la cérémonie de Nègrepelisse (Mont. BCFYV/DR).
Jacqueline Gourevitch :
– « Quelle belle récompense justement méritée par cette famille qui m’a recueillie durant trois ans.
Durant cette période noire, où nous avons eu la visite de la Gestapo, j’étais choyée et je n’ai que des bons souvenirs à la ferme de Lavergne. Je me sentais en sécurité et je les appelais papa Alfred et maman Louise.
Un grand merci à tous sans oublier Denise et Arlette.
J’ai souhaité que leur nom soit inscrit sur le Mémorial Yad Vashem en Israël car leur courage restera à jamais gravé dans ma mémoire. »
Fabien Sudry, Préfet du Tarn-et-Garonne :
– « Il est important d’entretenir le devoir de mémoire…
La famille Rey a fait preuve d’un grand sens des valeurs, de solidarité et de partage. Cet acte d’humanisme doit être un modèle. Il est important que les jeunes générations participent à de telles cérémonies pour retransmettre ces moments de notre histoire. »
NOTE :
Notre gratitude à Albert Seifer, Délégué régional, pour ses apports à la rédaction de cette page
Article lié au Dossier 11591