Cérémonie à Saint Maur des Fossés (2)

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Dossier n°

Cérémonie à Saint Maur des Fossés (2)

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Sauvetages de Jean-Pierre Bring
ainsi que de Jean et Simon Waintraub

Sur une première page, vous avez pu prendre connaissance des dossiers Yad Vashem ayant permis la reconnaissance des familles Chevallier et Cordier comme Justes parmi les Nations.
La remise des Diplômes et Médailles s’est déroulée le 7 juin en la Mairie de Saint Maur des Fossés.
En voici un compte-rendu :

– « Le 7 juin une très émouvante cérémonie de remise de médaille de « Justes parmi les Nations « s’est tenue à la Mairie de Saint Maur des Fossés,magistralement organisée par Nicole CAMINADE et Régine SIGAL, deux bénévoles du Comité Français de Yad Vashem France, en charge des dossiers des Justes.
Dans une salle des fêtes comble où plus de 400 personnes s’étaient réunies ,les familles honorées par Yad Vashem Jérusalem avaient trouvé place devant des témoins, des rescapés et de très nombreux amis, juifs et non juifs.
Dès l’introduction le député maire M. Henri Plagnol a su trouver les mots pour exprimer la joie qui était la sienne devant la solennité d’une telle cérémonie et il a demandé à son collègue, le maire de Champigny sur Marne,M. Dominique Adenot, venu en voisin honorer la mémoire de Michel BRING, ancien médecin de cette ville, et dont les enfants furent secourus par la famille Chevallier.
Moise COHEN, Vice Président du C.F.Y.V. mit l’accent, dans son intervention, sur la valeur exceptionnelle de ces hommes et de ces femmes qui, au péril de leur vie, surent accueillir des juifs menacés de mort. Puis ce fut le tour de Michel Dulto, Pt de la Communauté juive de La Varenne, de rappeler le travail de mémoire accompli par cette synagogue pour qu’on n’oublie les enfants de l’orphelinat juive de cette ville, déportés et exterminés à Auschwitz.

La médaille des Justes fut remise par le délégué de l’Ambassade d’Israël, M. Mestre qui rappela cette parole du Talmud où il est dit que « qui sauve une vie, sauve l’humanité » avant de souligner la signification profonde de cet acte de gratitude de l’Etat d’Israël à l’égard de ces justes qui n’avaient fait que leur devoir en venant spontanément au secours de ces enfants juifs.
Les médailles et les diplômes furent remis àux familles CORDIER et CHEVALLIER, devant un public bouleversé par les témoignages éloquents des enfants et par la lecture de l’histoire de chacune d’elles par une jeune garçon et une jeune fille du lycée Marcellin Berthelot de St Maur des Fossés.
La famille CORDIER était une famille protestante qui reçut pendant de longues années Jean et Simon Waintraub et qui maintint ses relations avec eux jusqu’à ce jour.
Quant à la famille de René et Charlotte CHEVALLIER, elle sauva de la mort le petit Jean Pierre BRING, dont le père et la mère furent assassinés à Auschwitz.Une rue de Champigny sur Marne porte d’ailleurs le nom de Michel BRING.
Ces témoignages émouvants trouvèrent leur point d’orgue lorsque Marc CHEVALLIER, petit fils de ces Justes, interpréta à la guitare une chanson composée par lui et qui porte le titre évocateur de « YAD VASHEM » :

« Juste un peu d’amour
« Juste, un peu de bravoure
« Juste, décider un jour
« De tendre la main, faire un détour
« Yad Vashem,
« René, Charlotte parce qu’on vous aime
« Yad Vashem,
« pour que vos enfants se souviennent.

C’est sur ces paroles pleines d’espoir que s’acheva cette célébration fraternelle de communion entre jeunes et vieux, entre juifs et non juifs et où chacun repartit avec le sentiment d’avoir honoré comme il se doit des Justes hors du commun. »
(Communiqué CF Yad Vashem, Moïse Cohen).

Discours de Moïse Cohen, Vice Président du Comité Français :

– « A certains moments de la vie, de l’Histoire même, de sombres nuages obscurcissent les consciences .Les valeurs les plus fondamentales de la civilisation sont bafouées, comme si soudain les hommes étaient devenus des marionnettes aveugles, incapables de distinguer entre le Bien et le Mal .

En cette période de la Shoah, la plus noire de l’humanité , on pourchassait hommes et femmes de tous âges, mais aussi les enfants de 2,3, 5 , 8 ou 10 ans comme s’ils étaient de grands criminels. Il fallait pour la bête nazie en finir une fois pour toutes avec le peuple juif, le pourchasser, le déporter, le gazer et le réduire en cendres dans les fours crématoires, pour qu’il n’en subsiste aucune trace.

Rappeler ces douleurs, évoquer cette souffrance certes, mai aussi, aujourd’hui rappeler avec force et émotion que durant cette tragédie ,la barbarie s’est affrontée au dévouement le plus absolu qui consiste à risquer sa propre vie pour sauver d’autres vies. Oui, face à l’horreur, des hommes et des femmes, catholiques, protestants ou athées, ,ont opposé à cette haine farouche : la bonté, le désintéressement, le courage .Oui, ce courage inouï qu’il a fallu avoir pour accueillir les enfants persécutés ,les sauver d’une mort certaine .Ils n’ont vu, en eux, que des frères humains à secourir.

Ces hommes, ces « Justes » n’ont obéi qu’à la seule injonction de leur coeur ,cette loi non écrite qui prime sur toutes les autres .Alors que le monde sombrait dans la haine, ils sont restés droits. Ils ont agi selon les plus hautes valeurs de la France et de l’humanité, en risquant leur Vie pour donner la Vie à des juifs Français et étrangers.

Ce fut le cas de René et Charlotte CHEVALLIER qui accueillirent dans leur foyer le petit Jean Pierre BRING et le cas de la famille CORDIER qui a secouru Jean et Simon WAINTRAUB .donnant ainsi un exemple émouvant de courage spirituel et matériel face aux égarements de certains. Ils ont, en cela suivi, selon les termes de Moché Luzzato :

« Messilat Yecharim » ( la voie des Justes ).

C’est la raison pour laquelle l’Etat d’Israël, par le biais de YAD VASHEM, a tenu à proclamer solennellement leur très haute grandeur morale et les honorer du titre de « Justes parmi les Nations » . Cette reconnaissance n’est pas seulement l’expression de la gratitude de tout un peuple à l’égard de deux familles exceptionnelles. Elle exalte la part de lumière qui est en l’homme et nous permet de réveiller les consciences en montrant la Force du Bien et de l’Amour.

C’est en ce sens que la célébration de ce jour, en cette belle Mairie de Saint Maur des Fossés, revêt une dimension de spiritualité exceptionnelle. Elle glorifie l’exemple des JUSTES et réveille nos consciences, en nous montrant que le monde n’est pas fait que de lâches, d’extrémistes, de terroristes, et de criminels, mais qu’il y a aussi des êtres qui incarnent la plus haute expression de la dignité humaine. »
(Moïse Cohen est également Président d’Honneur de la Communauté Juive de La Varenne).