Dossier n°12217 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Madeleine (Delas) Bady

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 06/09/1898
Date de décès : 27/02/1982
Profession : Industrielle, Mère de 2 enfants
    Localisation Ville : Romans-sur-Isère (26100)
    Département : Drôme
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    À la déclaration de guerre, Madeleine BADY née DELAS est, depuis peu, veuve de Jean BADY, industriel en chaussures. Courageusement, elle prend la direction de l’entreprise familiale et élève seule ses deux enfants, Jean (13 ans) et Madeleine (5 ans). Elle habite au 63 boulevard Gambetta à Grenoble, une propriété de famille qui sera plus tard réquisitionnée par les Allemands pour y loger la Kommandantur.

    En juillet 1942, quand commencent les premières rafles exercées contre les juifs étrangers, à la demande de l’abbé Michel LENOMON (vicaire de Notre Dame de Lourdes, fervent chrétien, persuadé de la perversité du nazisme et résistant de la première heure), Madeleine BADY accepte de cacher chez elle Erich LOEWE, son épouse et sa fille. Poussé à fuir son pays natal sous la force des événements, cet avocat au barreau de Berlin se réfugie en France en 1933. C’est à son domicile de Neuilly-sur-Seine que naît sa fille Marguerite. Puis, à l’invasion allemande, il se replie en zone libre à Bourg-de-Péage où il loue un appartement dont la propriétaire, sensible à la propagande nazie, le menace de dénonciation. Avant que ce sinistre projet soit mis à exécution – et il l’est –, Madeleine BADY, en toute connaissance du danger, ouvre sa porte.

    Le temps de trouver un abri sûr, les LOEWE quittent le boulevard Gambetta deux mois après leur arrivée, mais conservent des relations étroites avec leur amie, qui ne ménage ni son temps, ni sa peine, ni même son aide financière. Elle assure avec sa voiture les déplacements clandestins, fait soigner Marguerite à Villars-de-Lans et met à l’abri chez elle les quelques biens que les fugitifs ont pu soustraire au pillage de leur appartement de Neuilly.

     

    Erich LOEWE écrit après la guerre : « Quand beaucoup de gens croient encore à une victoire allemande, Madame BADY nous confie que, contrainte et forcée, elle fait exécuter dans son usine les commandes exigées par les Allemands pour préserver les moyens de subsistance de ses salariés. Mais elle se proclame gaulliste et souhaite ardemment la défaite du Reich. »

    Quand Madeleine BADY s’éteint le 27 février 1982, un journal romanais publie la nécrologie suivante :

    « Avec elle disparaît une grande chrétienne à la foi rayonnante. Mme Jean BADY laisse le souvenir d’une personne à l’écoute des autres, jamais insensible aux difficultés de son prochain. Elle anime efficacement des activités philanthropiques avec tact et discrétion. D’une noblesse d’esprit qui force l’admiration, cette dame de grande allure laisse un vide considérable dans notre ville de Romans. »

     

    Le 8 novembre 2011, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah décerne à Madame Madeleine BADY le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse-Romans
    Article de presse – L’Impartial
    Invitation cérémonie Bady

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 2 semaines.