Dossier n°12333 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Joseph Stacke

Année de nomination : 2012
Date de naissance : 25/02/1899
Date de décès : 21/10/1970
Profession : Antiquaire

Agnès (Ciganik) Stacke

Année de nomination : 2012
Date de naissance : 15/01/1914
Date de décès : 25/12/1995
Profession : Sans profession
    Localisation Ville : Salles d’Angles (16130)
    Département : Charente
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Pendant la guerre, Aneska et Joseph Stacke étaient mal vus. Ils cachaient pourtant des juifs.

    «Nous étions résignés. » Milcko Stack ne cache rien du découragement qui avait fini par les gagner, sa sœur Agnès, ses frères et lui. Le comité Yad Vashem aura attendu soixante-sept ans après le terme de la Seconde Guerre mondiale pour faire d’Aneska et Joseph Stacke des Justes parmi les nations. Cette distinction leur est décernée à titre posthume. C’est une reconnaissance ô combien méritée pour ce couple d’émigrés tchécoslovaques, installés à Salles-d’Angles (près de Cognac). Un couple qui hébergea, de juillet 1942 à août 1945, Héda et Kurt Fischl et leurs deux enfants, Alex et Otto… Des compatriotes tchécoslovaques de confession juive.

    Pour Milcko Stack, sculpteur et dessinateur royannais, prime le sentiment du devoir accompli. Sa sœur et lui, surtout, œuvraient depuis des années pour que l’humanité de leurs parents soit reconnue à sa juste valeur. Avec l’appui d’Otto Fischl, aujourd’hui installé en Australie. « Il a même fait le voyage jusqu’en Israël pour plaider la cause de mes parents », raconte Milcko Stack.

    Joseph n’était pas collabo

    Malgré une déclaration signée de la main de Kurt Fischl (enregistrée dès le 9 août 1945 par la mairie de Salles-d’Angles) attestant que les Stacke les avaient abrités, sa famille et lui, malgré la publication du journal d’Otto Rischl en 2009 , il aura fallu attendre. Attendre longtemps.

    Attendre au point de presque renoncer à ce que « cet acte d’un courage incroyable, d’une immense bonté et d’une humanité hors du commun », comme le ressent Otto Fischl, soit dûment honoré.

    Joseph Stacke n’a certainement pas cherché à endosser le costume d’un héros. Le 14 juillet 1942, lorsqu’il est allé chercher à la gare d’Angoulême Alex et Otto Fischl, puis leurs parents, quelques jours plus tard, il n’était habité que par le désir de rendre ce qu’une communauté lui avait témoigné de générosité quand il avait faim. Joseph Stacke gardait sans doute en mémoire les images du précédent conflit mondial. Il sortait à peine de l’adolescence. Il s’est retrouvé à combattre au sein de la Légion tchécoslovaque. Qui, pourtant, aurait blâmé cet antiquaire et son épouse de ne pas recueillir quatre bouches supplémentaires à nourrir, eux qui avaient déjà, en 1942, cinq garçons et attendaient leur sixième enfant, Agnès, née le 19 août ?

    Personne, sans doute. Pourtant, il y en eut, dans le village, pour traiter Joseph le Tchécoslovaque de « sale Boche », par un imbécile amalgame, et de « collabo », parce que l’occupant le mettait à contribution, comme bien d’autres.

    L’acte de bravoure d’Aneska et Joseph aurait pu connaître une tournure funeste, même.

    Milcko Stack était petit encore à l’époque, mais il en voudra éternellement « à ces maquisards de la dernière heure, à ces Zorros » qui, à la libération du village, vinrent arracher les drapeaux français et tchécoslovaque qu’Aneska avait accrochés à la façade de la maison, et embarquer Joseph avec une idée précise du sort à lui réserver. Horrible méprise, dans la confusion de ces heures troubles. Aneska et Joseph n’étaient pas des « sales Boches », ni « des collabos ». Ils étaient des Justes. Soixante-sept ans plus tard, en tout cas, ils le deviennent très officiellement. Et pour l’éternité.

    Le 14 Février 2012, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah,  a décerné à Monsieur Joseph Stacke et son épouse Agnès, le titre de Juste parmi les Nations.

     Articles annexes