Les Justes
Pierre Paul Marie
Année de nomination : 1982Date de naissance : 17/12/1907
Date de décès : 06/04/1999
Profession : fonctionnaire au bureau des étrangers de la police sous la direction de Edouard Vigneron
Département : Meurthe-et-Moselle
Région : Grand-Est
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Pierre Marie, né en 1907, habitait Nancy, en Meurthe-et-Moselle. Pendant la guerre, il travaillait au bureau des Étrangers de la police sous la direction d’Édouard Vigneron (q.v.). La police était chargée de surveiller étroitement les étrangers, contrôlant notamment leurs papiers et leur domicile. Le fonctionnaire connaissait bien ses « clients », qui se présentaient tous les mois pour faire viser leurs papiers. En octobre 1940, lorsque furent promulguées les premières mesures anti-juives, le bureau des Étrangers reçut l’ordre de recenser tous les Juifs étrangers. Comme le déclara plus tard Pierre Marie, le travail fut fait « sans beaucoup de zèle ». A partir de juin 1942, les Juifs furent tenus de porter l’étoile jaune, qu’ils devaient requérir, s’ils n’étaient pas Français, au bureau des Étrangers. Cette fois, selon le fonctionnaire, « Tout le service s’est senti beaucoup plus mobilisé. Nous ne pouvions pas supporter de voir des enfants, des femmes, des hommes fondre en larmes. » Pierre Marie, qui connaissait personnellement les Juifs étrangers habitant Nancy, décida de leur venir en aide. Déjà, en octobre 1941, Jérôme Skorka avait fait appel à lui. Ce jeune juif polonais, arrêté avec ses parents et son jeune frère, avait réussi à s’échapper du camp où on les avait internés et à revenir à Nancy. Pierre Marie lui procura de faux papiers dans les 24 heures. En juillet 1942, le fonctionnaire et ses collègues de la police intervinrent pour sauver de la déportation les Juifs étrangers de Nancy. Le bureau des Étrangers apprit que les autorités s’apprêtaient à déclencher une grande rafle le 19 juillet, deux jours après la rafle de Paris : les 400 Juifs étrangers de Nancy devaient être arrêtés et la ville « nettoyée » de leur présence. Sans perdre un instant Pierre Marie, son supérieur et les cinq autres policiers du bureau des Étrangers allèrent de maison en maison prévenir les familles juives de se cacher immédiatement. Lorsque, le 19 juillet à cinq heures du matin, d’autres policiers frappèrent à la porte aux domiciles des Juifs étrangers, ils ne trouvèrent presque personne. Sur les 400 Juifs figurant sur la liste, ils ne purent arrêter que 19 personnes, qui avaient décidé de rester chez elles malgré l’avertissement. Mais Pierre Marie ne se contentait pas de prévenir les Juifs. Il leur fournissait également » d’authentiques » cartes d’identité françaises avec le véritable cachet de la police, et leur conseillait de s’enfuir en zone libre. La plupart des rescapés rentrèrent à Nancy après la Libération. Les pressions allemandes, à la suite de l’échec de la rafle du 19 juillet, entraînèrent la suspension de Pierre Marie. Il retrouva son poste à la police après la guerre et fut décoré pour ses activités de Résistant. Il continua à garder le contact avec « ses » Juifs, qui l’invitaient à la Bar Mitzva de leurs enfants ou, pour les plus jeunes, à leur propre mariage…
Le 3 mai 1982, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Pierre Marie le titre de Juste parmi les Nations.
Exposition: Désobéir pour sauver
Documents annexes
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