Les Justes
Edouard Vigneron
Année de nomination : 1982Date de naissance : 30/10/1896
Date de décès : 01/02/1972
Profession : Chef de service des étrangers, Policier, secrétaire principal de police honoraire
Département : Meurthe-et-Moselle
Région : Grand-Est
L'histoire
Édouard Vigneron, né à Nancy, s’engagea dans la police en 1922, après cinq années passées dans l’armée française, où il était resté après la guerre de 14. Il monta rapidement en grade et, en 1939, devint secrétaire général de son poste. Un an plus tard, il fut nommé chef du bureau des Étrangers, qui était chargé de contrôler les immigrants. A l’époque, il y avait environ 400 Juifs étrangers à Nancy, pour la plupart originaires d’Europe orientale. Ils étaient tenus de se faire enregistrer au commissariat et d’y venir régulièrement faire viser leurs papiers. Sous l’Occupation, un nouveau tampon fut créé : portant la mention « Juif », il devait être apposé sur tous leurs papiers. Édouard Vigneron et son assistant Pierre Marie (q.v.) connaissaient bien les Juifs de leur section et étaient amis avec plusieurs d’entre eux. En juillet 1942, il fut ordonné de procéder à une rafle monstre des Juifs de Nancy, comme cela avait été fait à Paris. Les Allemands avaient décidé de « nettoyer » le nord de la France de la présence des Juifs, et les Juifs étrangers devaient être déportés les premiers. Le bureau des Étrangers fut informé la veille de la date de l’opération : le 19 juillet à l’aube. Édouard Vigneron convoqua immédiatement Pierre Marie et lui dit de prendre cinq autres policiers pour aller prévenir, maison par maison, les 400 Juifs figurant sur la liste. 350 d’entre eux purent ainsi fuir à temps. Le 19 au petit matin, seules les dix-neuf personnes qui n’avaient pas quitté leur domicile furent arrêtées, et déportées vers les camps, dont aucune ne revint. Par ailleurs, Édouard Vigneron sauva de nombreuses familles en leur procurant « d’authentiques » faux papiers avec le tampon de la police et sans la mention « Juif », ce qui leur permit de gagner la zone libre. C’est ainsi que fut sauvée la famille Kobriniec – la mère, la fille, le grand-père, la grand-mère et une tante. Le chef de famille avait déjà reçu, précédemment, de faux papiers de M. Vigneron et s’était enfui en zone libre. Parmi les autres personnes qui durent la vie à Édouard Vigneron se trouvaient le fils et la fille des Skorka, Mme Herzberg et ses deux enfants; les Balbins et les Krischer avec leurs deux enfants. Cependant, l’échec de la rafle de Nancy n’était pas passé inaperçu. Édouard Vigneron, soupçonné d’avoir prévenu les Juifs, fut arrêté le 19 août, tout juste un mois après la rafle, et mis en prison à Nancy pendant trois mois. Remis en liberté, il fut arrêté à nouveau six mois plus tard et accusé d’avoir fourni des faux papiers à un espion français. Il fut incarcéré pendant trois mois à Fresnes près de Paris. A la Libération, Édouard Vigneron, retrouva ses fonctions à la police. En 1951 il reçut la Légion d’Honneur. Ses amis juifs revenus vivre à Nancy après la guerre ne l’oublièrent pas : il fut l’invité d’honneur à toutes leurs fêtes de famille, la Bar Mitzva de leurs enfants ou, en ce qui concerne les plus jeunes, à leur propre mariage…
Le 3 mai 1982, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah, a décerné à Édouard Vigneron le titre de Juste parmi les Nations.
Exposition: Désobéir pour sauver
Documents annexes
2 policiers nancéiens honorés par Israël |